samedi 20 juin 2009

Le choc du retour, un clin d'oeil du passé ...

Je connais globalement la situation en France, elle est la même qu'en Italie, en Grèce, en Turquie, mais certainement pas pire que dans les territoires Palestiniens.
Je sais, en ce qui me concerne que mon absence a profité aux ''idiots'' déguisés en justiciers et que tous les compteurs sont au rouge.
D'un autre côté, d'autres options bien plus passionnantes se sont présentées spontanément sur le Chemin, ce qui me donne une grande sérénité mélangé d'amusement, face à ce monde en apnée que je perçois à travers les sms et mails de mes amis.
Quoi qu'il en soit, en pleine forme et debout, cette expérience forte et unique que je viens de vivre est un véritable rempart contre les agités et les agitations inutiles.
De cette sollicitation extérieure que l'on me prédit comme violente et très agressive, je vois un clin d'œil du passé qui ne sera que cela et rien d'autre.

mercredi 17 juin 2009

>>Croire et espérance>>force en action>>>

On peut d'abord s'interroger sur l'objet de l'espérance, tournée vers un au-delà, ou au contraire dans le ici et maintenant.
Elle est une des composantes de l’action en général, ce qui signifie qu’on la retrouvera chez tous les hommes et femmes qui entreprennent et réalisent leurs projets, qu’ils aient ou non une conviction religieuse.
Avoir confiance en nos chances de réussite, c’est d’abord compter sur ses propres forces, et savoir que la réussite dépend de circonstances extérieures et d’aléas qui ne sont pas en notre pouvoir. Or, pour entreprendre quoi que ce soit, il faut bien croire que ces obstacles ne seront pas insurmontables et compter sur le cours des événements. Ce fut mon postulat de départ.
J'ai souhaité me dépouiller de tout mon fatras d’idées toutes faites, et sortir de mes préoccupations immédiates, de tout souci.
J'ai voulu me libérer d'un quotidien qui me retenait prisonnière de systèmes déshumanisants. Sur Le Grand Chemin, lentement (5 km à l'heure) j'ai vu alors s’ouvrir à moi, une voie jusque là inconnue et à 4000 km en plein cœur du Sinaï, le but : un sentiment de véritable liberté de penser qui, lorsqu’il s’est manifesté, à laissé le champ libre à toutes les espérances… Merveilleux.
Quant à la confiance au fait que l’on peut surmonter les évènements et dangers sur sa route, elle n’est que pure folie s’il à été démontré que ces évènements ne pouvaient pas être surmontés.
J'ai bien entendu, pris en compte les expériences de mes frères et sœurs partis aussi sur les chemins, sans pour autant modifier mon tracé...je pense en particulier à la Turquie qui semblait être un pays à risque. Et bien tout le contraire, ce fut une terre d'accueil et de gentillesse à mon égard.
L’espoir se passe très bien du nom de Dieu, il se contente d’un amour irraisonné pour la vie, juste la vie pour la vie, cette “passion” que rien ne dépasse.
Cette source jaillissante qui me donne autant de force, où que je sois, cette foi est ma tente et à l'intérieur alors, le nom de Dieu est chanté.

dimanche 14 juin 2009

Au bout de ses rêves...

14 juin 2009 cette aventure humaine prend fin au Sinaï
Du Mont Moïse jusqu'à Taba (frontière Égyptienne) soit quelques 150 km de pur bonheur.
Cette étape est de loin la plus dure à cause de la chaleur (40° dès 10 heures), mais c'est elle qui a été de loin la plus magique. Décisive ! Incisive !
Providence et persévérance ont eu raison, un vieux bédouin et son dromadaire Ari m'ont accompagné (plus de sac à porter, le problème de l'eau était réglé et la sécurité avec un homme du désert respectée).

Ce que j'ai vu et ce que j'ai vécu est indescriptible...Les montagnes nous regardent, le sable se moque de nous sous nos semelles échauffées. Et mon âme à nue est caressée par le souffle chaud du désert, enveloppée du parfum subtile de bergamote d'une plante rare qui s'épanouit sur des rochers brûlants.
Et au troisième jour sur un site vierge d'aucune trace de civilisation, l'embout de mon bourdon déjà très usé a décidé de rester dans le sable fin du Sinaï, ce fut pour moi le signe que mon pèlerinage se terminait ici.

Photo 1 - 2 ème jour, soleil levant
Photo 2 - Départ c'est toujours autour d'un feu de bois que les grandes décisions se prennent.
Photo 3 - Et puis laisser mijoter ...

mardi 2 juin 2009

La Terre Sainte. Jérusalem

30 mai - Jérusalem
Partie de Tel Aviv le 29 mai pour aller au Monastère de Latroun à quelques 20 km, je suis accueillie par une communauté de moines bénédictins de la stricte observance. Tous parlent français ce qui est pour moi un double cadeau.
Partie du lieu de la fraction du pain, Emmaüs Nicopolis, situé au carrefour des routes d’accès à Jérusalem et de celles du Nord au Sud sur le sol fertile de la plaine de la Shéphéla, je suis arrivée en Terre Sainte de la façon la plus inattendue.
2 juin - Notre Dame des Douleurs - L'Ecole biblique de Jérusalem
J’ai eu 3 jours pour préparer la dernière étape : Le Sinaï vers Jérusalem , soit un peu plus de 500 km dont 2/3 de route de désert.
Difficultés majeures : l’eau, la chaleur, la solitude. En relation avec l’école biblique de Jérusalem, là mon projet s'est accroché à la providence, comme cette cité magique à son rocher.
Je pars donc dans 2 jours pour 3 semaines d'une aventure humaine unique parce que la mienne.

Vous dire que je n'ai pas peur est faux. Mais le désir de cette communion avec ce désert là, est bien plus fort que ma peur et le besoin d'aller jusqu'au bout de moi même, bien plus encore.
Ultreia

Photo : La pierre sur laquelle le corps de Jésus a été déposé après sa mort.

jeudi 28 mai 2009

Bilan à mi-chemin

Des combinaisons se sont formées au fil des kilomètres et des pays traversés :
- La marche a été rejointe par la prière
- La discipline par le sens
- L’espace et le temps par la beauté
- Les émotions par un miroir

D’une déchirure au cœur qui guérissait lentement, à l’absurdité d’une implication sans conviction, « l’appel » d’un certain mois d’avril 2008 a été entendu.
Ainsi, l’exploit sportif n’a jamais eu sa place dans cette démarche plutôt singulière pour un chef d’entreprise, pas plus qu’une ascèse enracinée dans un dogme religieux ou philosophique.
Au centre de chaque jardin secret, l’âme.
L’agitation, les conventions, les faux problèmes, les mauvaises routes comme les mauvaises rencontres deviennent des combats inutiles et dévastateurs. Ils agissent comme des ouragans ravageant ce que nous avons de plus précieux.
Etre debout était la preuve de ma capacité à construire des possibles dans un univers de non sens, autrement dit un impossible à vivre, mais pour combien de temps encore ?
Je suis donc partie le 29 janvier 2009 pour répondre à cet appel en me disant que le sens serait éclairé par chacun de mes pas sur les sentiers et routes des 9 pays que j‘allais traverser. J’avais 7 mois pour le faire.
Sportive, je l‘ai été, et je vous confirme que le corps peut être un précieux allié quand il est respecté et aimé.
Je connais mes fragilités qui sont le résultat d’une pratique sportive intensive lorsque j’étais jeune. Opérée en juin 2008 du pied droit, je me donnais ainsi toutes les chances d’aller jusqu’au bout de cette aventure.
Sans aucun entrainement depuis de nombreuses années, la partie française a été rude, puis en Italie tout est devenu fluide, facile. En Grèce et en Turquie la chaleur m’a imposé un rythme plus lent, nouveau pour moi.
Psychologiquement, la solitude est bien supportée presque trop bien et une sensibilité à fleur de peau est le plus souvent ma boussole.
Quand aux dangers sur ma route, ceux qui n‘ont pu être évités, ont été plutôt bien gérés et n’ont pas eu de nuisance ou conséquence faisant obstacle à ma progression. Pour les autres, ils seront présentés dans l’ouvrage en cours d’écriture sous forme d’anecdotes, plus ludique et donc plus pédagogique.
J’ai su sans en souffrir, m’acclimater aux nuits à même le sol, aux conditions dépourvues de confort, aux hommes et aux femmes déshumanisés. J’ai su marcher le ventre vide, faire avec les incompréhensions de mes amis, et même gérer à distance des affaires qui pouvaient attendre mon retour. J’ai su enfin, laisser mes colères et mes larmes s’en aller, pour retrouver une liberté inespérée.
Sur le plan professionnel, c’est à Rome qu’un projet a émergé : créer une voie reliant Lyon au Sinaï par Rome et Jérusalem « La Route de la Paix ». Et à Tarsus qu’une nouvelle direction personnelle s’est dévoilée.
Jérusalem s’est présentée sur l’ile d’Egina comme l’avant dernière étape, le point d’appui indispensable pour poursuivre sur l’ancienne voie des Patriarches et rejoindre le monastère Ste Catherine avec ses trois monts : Sinaï, Ste Catherine et Moïse.
Là s’arrêtera cette aventure humaine, pour laisser la place à une autre qui est déjà dessinée.
Photo : tombeau de Lazare à Larnaca (Chypre)

mardi 26 mai 2009

Des boulets !

25 mai - Tarsus - Mersin - 20 km - Chypre
A l’apparent confort des sièges, je préfère le banc froid du pont du bateau. A la climatisation trop bruyante, le vent frais de la mer, aux spots du plafond, les étoiles.
Ne pas dormir à cause du ronflement du voisin est exaspérant, mais ne pas dormir parce que l’on sait que chaque seconde ne pourra être revécue est un ravissement et parce que chaque seconde est à la fois, une vie qui s’écoule, et un instant d’éternité.
26 mai - Gazimagusa - Larnaka - 18 km - Chypre
Les quelques 700 km sur cette côte turque, m’ont appris à marcher autrement, à marcher dans ma tête, à marcher comme un canard, une puce, un chameau, un éléphant, un tigre…A marcher lentement, à laisser mes pieds décider. Cette étape m’a fait aller jusqu’au bout de moi-même, là où se pose la question du retour.
Quoi qu’il en soit, je suis en accord avec ce « comment je marche » et je sais parfaitement où je dois aller, le pourquoi reste encore dans l’ombre.
Je sais que pour les puristes mon pèlerinage est incompréhensible, mais à chacun le sien, à chacun de vivre son aventure intérieure car il s’agit d’âme et non de raison ou de convention.
Aujourd’hui, une nuit donc, sans sommeil. Mon cœur bat la chamade, il sent Jérusalem la Céleste s’approcher.
Mais une surprise m’attends, pas de bateau pour Israël pour la partie Turque, car vous le savez certainement, cette île est occupée par 3 populations : les trucs pour la partie nord, les grecs pour la partie sud, à la pointe au sud de Limassol une base militaire anglaise.
Les packs pour touristes allers retour sont les seules propositions faites avec le bateau, mais il faut encore se déplacer, ce qui à ce jour n'a pas de sens pour moi.…Et pour le même prix j’ai un billet d’avion pour Tel Aviv…Un signe ! J’en conclus que la rencontre avec Jérusalem La Céleste se fera d’abord par les airs...

dimanche 24 mai 2009

La source sacrée - Pont entre deux rives : hier et ce qui advient

On ne peut pas déposer l'idéal de sa quête n'importe où, dans n'importe quelle matière. Si puissants que soient les rites de passage et de purification, il est normal qu'ils s'adressent à une matière qui puisse le symboliser.
L’eau symbolise comme la terre, l'air et le feu, le meilleur et le pire. La source reste le symbole du passage du sacré au profane et du profane au sacré. L’eau lave, efface et nettoie. Elle est le constituant de base de tout se qui se pétrit, nourrit, abrite vit et croit. Sous le signe du verseau, elle unit l’air et la terre.
Dans les sociétés primitives, le passage du quotidien et du sacré dans le cadre de pratiques coutumières confortaient le lien social, soit autour d'un lieu, soit dans le cadre d'une action collective.
Cette tradition de la source sacrée s'est perpétuée et les sources des dieux et des fées sont devenues les sources des Saintes et Saints.
C’est La source sacrée protégée par son puits à Tarsus, bien plus que le mystère que représente pour moi St Paul, qui m’a été soufflé à l’oreille, pont entre deux rives : hier et ce qui advient.
Bien évidemment, vous pouvez vous en douter, pas du tout en accord avec le saint homme qu’était Paul concernant son positionnement sur la condition de la femme. J’ai pu marcher sur les sentiers qu’il a foulé, et je l’ai perçu comme un être inspiré, intelligent, tactique, politique et guerrier, misogyne. Au-delà de tout cela, un vrai sportif de haut niveau.
Mais pourquoi n’aimait-il donc pas les femmes ?
Photo : Tarsus, l’eau miraculeuse (une source qui ne tarit jamais) à côté de la maison natale de St Paul.
22 mai - Boziazi- Ayndincik - 28 km
23 mai - Aydincik - Ovacik - Mersin - 30 km
24 mai - Mersin - Tarsus - 35 km

Deux points d'appui : mon précieux bourdon et La source

jeudi 21 mai 2009

La pression tombe mais les antennes supersoniques marchent toujours...

20 mai - Alanya - Gazipasa - 35 km
Tout est fait pour me faciliter la vie aujourd‘hui : le temps est doux et même presque à l’orage, les personnes sont disponibles et ouvertes, la route facile. Le monastère fantôme que certains documents d’information mentionnent m’a permis de me faire de nouvelles rencontres, de trouver un hôtel et d’être invitée à partager un repas. Quand au monastère, il était bien fantôme.
Ici, moins de touristes, je respire. De ma chambre je vois les montagnes et la ligne d’horizon ce qui me change de certaines pensions franchement sordides (j’ai dit certaines et pas toutes !).
Il ne me reste plus que 4/5 jours pour finir mon périple en Turquie. J’avais décidé à Cesme, de l’arrêter à Finilke. Aller plus loin présentait quelques difficultés concernant ma sécurité, risques que je ne prendrai pas. Cette décision a été confirmée et validée par les turcs que j’ai rencontré tout au long de ma route.
21 mai - Gazipasa - Anamur - Bozyazi - 20 km
Pluie depuis la première fois que je suis arrivée dans ce pays.
Hier j’ai eu la chance de rencontrer deux personnages importants dans cette région qui symbolisent par excellence la balance et l‘épée. J’ai passé la soirée avec eux et ce fut pour moi comme un examen passé, ou une mise à l'épreuve désormais terminée. Enfin, c’est comme ça que je l’ai reçu.
Je prépare dans ma tête comme les sportifs savent le faire, le prochain match cette fois sans combat.
Je me suis arrétée pour visiter le château de Kale, puis stoppée pour manger un peu. Le bord de plage est renversant de beauté et la musique des vagues qui s'échouent contre les rochers un enchantement. La pression que j'avais pour arriver au bout de la partie Turque commence à s'estomper, mais pour autant, mes antennes sont toujours en activité.
Photo du château de Kale.

mardi 19 mai 2009

A fleur d'âme

18 mai - Kas - Kale - Antalya - 30 km
Kas et sa route merveilleuse épousant le ciselé de la roche. Que de grandeur et de majesté quand je regarde ces montagnes, puis au bout de quelques heures le rêve s'arrête, plus de relais ni de commerce, rien que de la route. Le bus reste alors, le seul choix de sécurité absolue, ce qui depuis le départ a toujours été la règle d'or.
L’agitation et l’effervescence d’Antalya, me fait bifurquer sur Duden en espérant y trouver un espace à moi, un espace où je puisse me recueillir en paix et pour la paix et bien non ! Il me revient en mémoire ce soir, les cours au Collège de France de Rolland Barthes sur le « comment vivre ensemble » et plus particulièrement le passage où il commente la vie des anachorètes.
19 mai - Antalya - Serik - Alanya - 35 km
A fleur de peau ...A fleur d'âme
Partie ce matin tôt mais pas encore assez (6h), je suis arrivée à Serik vers 14 heures sous un soleil de plomb. A Serik, ni hôtel ni pension. Cette fois en bus je pars sur Balek situé à 15 km. Mais à Balek je suis immédiatement agressée par un tout : je suis agressée par le bruit permanent des motos et des voitures sur la route, des gens qui ne parlent pas, mais crient. Je suis agressée par ces corps mous en maillot de bain qui sans pudeur (parceque je n'ai pas forcemment envie de les voir), errent dans les allées de commerces de tout et de rien. Je suis agressée quand je trouve une chambre sordide pour un prix abusé. Mais je ne suis pas fatiguée de marcher et les kilomètres sur des belles routes sont des cadeaux que mes pieds réclament tous les jours.
Donc aujourd‘hui à Balek, je décide de poursuivre sur Alanya pour ne pas vivre un sentiment de non sens et donc me faire mal, car je n’ai jamais décidé que ce chemin serait un chemin de croix, mais une expérience humaine faite de choix au service d’une quête celle de la paix. Synchronicité, mon amie Sophie Bobet m’appelle, et je lui fais part de ce ressenti, ça m’a fait du bien d’échanger quelques minutes avec la sagesse.
Sur ces terres que mes pas foulent (comme à Athènes, et à Bodrum) point d’âme car elle a été chassée par les hommes qui achètent tout avec l’argent, tout sauf l’amour...
Je dois réfléchir sur les 350 derniers kilomètres dans ce beau pays et trouver le bon chemin, car j’ai bien conscience que ces 4 mois de vie solitaire, ont amplifié une sensibilité déjà à fleur de peau et aujourd’hui à fleur d’âme.
Extrait de mon carnet de route…
Peu m'importe aujourd’hui le temps et la distance,
Sans questions ni repos,
Je marche pour le plaisir,
Je marche pour la paix,
Je marche pour que le cœur des hommes choisissent à l’or des villes,
L’or d’un mot d’amour,
Je ne sais pas si je serai cette pèlerine
Mais mon cœur aujourd’hui tranquille
Brûle encore, pour atteindre l'étoile,
Et mon âme en paix,
Voyage par delà des mers, pour éclairer là où il fait noir.
Ultreïa
Photo : Chutes de Düden à 10km d'Antalya

dimanche 17 mai 2009

Une rose

15 mai - Patara - Ephèse - 6 km
Hier soir j’ai décidé d’aller voir un ami qui se trouvait à Ephèse. Besoin de vrais échanges, de partager la vie. Je suis donc partie ce matin chercher un bus à quelques 6 km de Patara pour 8 heures de « portage ».
Quel plaisir de revoir Ephèse, de parler et surtout de rire… C'est stupide, mais je me suis sentie plus "humaine"...
16 mai - Ephèse - Patara - 6 km
15 jours pour parcourir cette distance à pied et seulement 8 heures pour le bus…Les 6 km pour rejoindre Patara en compagnie d'un jeune homme parisien (âme de globe trotter), ont été une récréation, échanges de nos impressions sur le pays et sur les touristes dont nous faisons partis.
17 mai - Patara - Kas - 41 km
5 heures du matin, départ pour Kas. A la fraîcheur mon pas est plus fluide, plus sur aussi et les kilomètres défilent avec légèreté. J’ai pris l’habitude de prier au départ de la marche, une façon je crois de me connecter à l’âme de la terre que je parcours avec respect et toujours avec le même enchantement. Une façon aussi, de me mettre en résonnance avec ce que je n'ai pas préparé parceque le Chemin l'a fait pour moi.
Ce matin sur ma route un homme m’a offert une rose et s’en est allé.
Signe du destin, signe que je suis bien sur ma voie. C’était le sujet de réflexion de la journée.
Arrivée à Kas à 14h30, tout droit dans une pharmacie pour acheter un anti inflamatoire, j’ai depuis hier soir une petite douleur au mollet droit. Boire plus d’eau, marcher moins ou marcher moins longtemps sous le soleil me semble être la bonne prescription , j’ai fait un stage sur l’ile de Kos où Hippocrate est né, ça laisse des traces !

jeudi 14 mai 2009

Femmes

14 mai - Patara - 10 km de réflexion en montagne
Je suis restée à Patara aujourd’hui; Besoin de me poser, d’imaginer Paul méditer dans ce lieu. Le site historique est totalement abandonné et un incendie a ravagé les flans de ces montagnes et tout le village, il y a quelques années. De cette terre pourtant, la vie en est ressortie encore en vainqueur...Des fleurs, des petits arbustes recouvrent les troncs calcinés et la terre noircie.

Avant de partir dans ces montagnes, je suis rentrée dans ce que j’appellerais une "gargouillette" gérée par une jeune femme. Un enfant de 20 mois (son fils) était attaché non loin d’elle et participait à tout ce que sa mère faisait. Bordé de coussins et de tapis, il semblait tranquille et heureux de vivre. Sa mère régulièrement lui parlait tout en préparant ces galettes de pain qu’elle faisait cuire sur une plaque posée sur un feu à même le sol.
Devant le feu, elle roulait la pâte avec une grande dextérité tout en invitant les passants à entrer. Un deuxième enfant de 3 ans environ, plus turbulent allait et venait et sollicitait à sa manière l’attention de sa mère. Assise, j’assistais à cette scène avec un thé pour me faire patienter. Un autre client, puis un couple avec un bébé rentrent attirés comme je l'ai été par cette belle énergie qu'elle diffuse autour d'elle.
Tout se fait avec une grande fluidité, elle demande le prénom de l’enfant des clients, rassure son bébé qui la regarde, prépare avec rapidité les galettes, sert le thé, apporte de petites coupelles de tomates et concombres coupées finement, encaisse et rend la monnaie…Vous avez toute mon admiration madame !

mardi 12 mai 2009

Le sens et l'Appel. Il y a de l'orientation dans l'air !

12 mai - Koycegiz - Ortaca - Fethiye - 30 km
Comme me le soufflait un ami
« Tu peux être sûre que tu seras à l’écart et que tu seras à part, comme il en a toujours été. Ton pèlerinage n’est pas celui des masses et des routes populaires. C’est bien qu’il y ait des voies communes, mais c’est beau qu’il y ait le chemin de l’unique ! C’ est ton chemin… »
Je sens bien que le temps de mon initiation est terminé et qu’actuellement, je fais du rab. Sur ce chemin, ce n’est pas mon initiation qui se joue, mais ma vocation. Ce qu’il me faut gagner, ce n’est pas des pouvoirs, mais du sens. Le temps où je me suis construite est derrière moi. .
Le sens est contenu dans l'appel - Comment suis-je conduite ? Par une voie sans modèle. Même si au départ, il y a plein de modèles : Compostelle, la voie sacrée conduisant à Jérusalem, le tracé officiel. Mais depuis l’île Egina je suis sortie du modèle pour fouler la voie mystérieuse de la Femme qui sait le Chemin. De village en village et de rencontre en rencontre, ma voie se dévoile sur des parfums de jasmin et de fleurs d’oranger.

Photo prise à Fethiye. Même ouvertes, même pillées et vidées, le secret de ces tombes reste caché et bien vivant !
Je remercie Sophie Bobet, car c'est son dernier commentaire qui m'a en quelque sorte fait franchir le pas...

lundi 11 mai 2009

"Les tombes de pierre" - La vie et la mort, le début et la fin...

11 mai - Gökova - Köycegiz - 30 km
Ce matin, encore endormie, je me suis trompée de route et suis tombée par "hasard" sur des tombes creusées dans la roche à flanc de montagne...Le soleil se levait ! Le silence des montagnes...un sentiment étrange m'a parcouru tout le corps et ça m'a coupé le souffle.

C’est une région qui est habitée par une sagesse ancestrâle…Le tourisme de masse (celui qui m’insupporte) n’est pas présent, et pourtant, les touristes sont bien là mais, économie, tourisme et traditions cohabitent de façon harmonieuse.
Ce matin donc, le thème de méditation sur la vie et la mort, s’est imposé de fait.
Le soleil aujourd'hui tapait tellement fort que j’ai des cloques sur les bras et le cou. Sur la route, j’ai acheté un foulard que j’ai imbibé d’eau mais c’était trop tard, les brulures étaient déjà là.
Ce soir mon arrivée est remarquée dans le village, un journaliste est venu me prendre en photo et me poser quelques questions. "Je marche pour la paix, et je finis mon périple au monastère Ste Catherine dans le désert du Sinaï."... j'ai toujours peur des traductions et des interprétations des mots et des pensées...
Demain j’achèterai le journal en question.

dimanche 10 mai 2009

La Turquie un pays de contrastes, un peuple au grand coeur

6 mai - Tshruni - Akbük - 20 km
La route est surprenante par ses différents paysages. La mer, les larges voies à grande circulation qui ne mettent pas en danger le voyageur. Des petites routes peuvent être aussi empruntées, mais ne sachant pas où exactement elles mènent, je préfère rester sur le tracé de la carte. J’ai bu mes deux bouteilles d’eau très vite. La règle d’or du marcheur : ne jamais en manquer. Une halte dans cette petite épicerie sur le chemin s’impose. J’ai eu en cadeau, un délicieux thé offert avec le cœur. J’ai droit à un salut de la main à chaque fois que je croise sur ma route des 3ème et 4ème âge, gardiens de traditions séculaires.
Arrivée à Akbük des aménagements touristiques de folie jouxtent des petits bateaux de pêcheurs regroupés en coopérative.
J’ai souffert aujourd’hui de la chaleur qui m’a saisie dès 9 heures. J’ai beaucoup de difficulté à dépasser le cap des 20 kilomètres sans avoir un rythme cardiaque qui s’emballe sous ce soleil de plomb. Mon corps a besoin d’une semaine d’adaptation, il ne faut pas le brutaliser si je veux qu’il me conduise jusqu’au bout de mes rêves.
Conséquences :
Fatiguée, lorsque j’arrive à destination, je me donne plus vraiment le temps de choisir une pension et je fais souvent la bêtise de prendre la première juste pour ne pas avoir encore à marcher plus longtemps.
Avantage du bord de mer, il n’y a pas de problème d’hébergement.
Paradoxe : Aujourd’hui j’ai fait un effort. Je me suis dirigée vers un petit village qui me semblait tranquille de par son éloignement de l’autre côté de la crique. C’était un village Med de français. Je rends hommage au club Med qui génère des emplois et une activité locale signifiante. Mais je suis toujours surprise quand je vois mes compatriotes prendre des leçons de salsa en maillot de bain au bord d’une piscine bien trop petite, demander au barman français à quelle heure on mange, et se faire cuire sous un soleil brûlant dans un pays qui ne demande qu’à être rencontré avec une population attentive et à l’écoute de l’étranger.
Il y avait des chambres, mais j’ai préféré une autre option « le limite insalubre » mais présentant l’intérêt d’ouvrir un vrai échange avec la jeune fille à la réception et avec son frère Hamed, serveur au restaurant d’à côté.
7 mai - Akbuk - Bodrum - 17 km
Cette région est parcourue de sentiers oubliés, non balisés qu’un voyageur étranger ne peut se risquer à prendre. Demandez à la population si ce chemin va bien en direction de Bodrum, la réponse est indécise, floue. La raison l’a donc emporté ce matin, j’ai fait un demi tour pour me retrouver sur la route de Milas qui conduit à Bodrum, soit environ 17 km, puis le bus. C’est un tronçon de route avec des paysages magnifiques mais rien pour vous approvisionner en eau, et si un problème survenait, ni village, ni hôtel à moins de 30 km.
Bodrum avec ses rues gorgées de commerce et débordant de tous les côtés de touristes en quête de l’affaire du siècle m’a fait fuir et c’est l’île de Kos qui m’accueille ce soir. St Paul a fait une halte lors de son 3ème voyage, Hyppocrate y est né, et des sites historiques moins connus mais aussi beaux à admirer m’attendent. J’ai besoin d’un retour au calme, j’ai besoin de trouver de nouvelles marques pour poursuivre en direction d’Antalya, j’ai besoin de m’acclimater à cette température que j’ai par ailleurs connue chez moi en Camargue, mais que j’avais oubliée.
J’ai élaboré un programme d’entrainement. Je vais encore alléger mon sac et changer d’alimentation qui sera plus importante en sucre, et chocolat noir puisque je ne trouve plus de lait concentré sucré Nestlé. Ni fromage ni viande, mais poisson, oléagineux (noisettes) et olives pour le potassium que je perds en transpirant. J’ai certainement perdu encore un peu de poids, mes vêtements me le disent, alors prudence !
8 mai - Kos : 40 km
Je sais pourquoi St Paul est venu dans cette île ! Pour retrouver la pêche ! Le parcours du mont Dikeos a été une remise en forme par l’effort avec le plaisir de l’effort, que du bonheur !
Le mont a été pris d’assaut et aménagé en une gigantesque base militaire avec interdiction de filmer ou de prendre des photos. J’ai vu des patrouilles pendant mon trekking, au moins dix fois. Je voulais dormir à la belle étoile, mais j’ai dû revoir mon programme.
9 mai - Bodrum - Güvercilink - 28 km
10 mai - Mugla - Gokova - 26 km
Sur cette route que du bonheur : les montagnes me parlent, les gens que je croise et qui m'invitent à boire un thé, ou m'offrent une bouteille d'eau fraîche comme ça, au passage...des sourires "d'anciens" assis devant leur porte, les bonjours des enfants amusés de me voir marcher avec mon bâton. Tout devient ici et maintenant plus facile.

mercredi 6 mai 2009

L'Agora de Milet - Porte ouverte vers le ciel !

5 mai - Söke - Milet - Akköy - Tashurni - 25 km
Ce n’est-que ce matin en buvant mon « tchaï » que l’inspiration m’est venue sur la destination du jour (il était temps me direz-vous, et comme je vous l’ai dit lors de mon dernier article, j’attends un signe qui me donne la destination pressentie). Je lis l’article d’un livre que le bureau d’information d’Ephèse m’a donné et que je n’avais pas vu concernant les 4 voyages de St Paul : inspiration !
Milet est une étape importante dans le 3ème voyage de St Paul (53-57 après JC). C’est à pied qu’il se rendit à Troie à Behramkale (Assos), avant de passer à Milet, où il s’entretint avec les sages d’Ephèse. Sentant sa fin prochaine (ça c’est-ce qui est écrit, mais je ne le pense pas. St Paul était audacieux, un côté guerrier comme Jacques et bien sur inspiré), pas de polémique, l’histoire dit qu’ il leur fit ses adieux. Il passa ensuite par les Iles de Kos et Rhodes, puis changea d’embarcation à Gelemis (Patara) sur les côtes turques avant de rejoindre successivement Finike (Phoenicus), la Syrie et Jérusalem, où il allait être arrêté. Emprisonné puis jugé sur place, il fut décidé de l’envoyer à Rome, qui devint le lieu de son incarcération.
En regardant ma carte ce matin, je me suis demandé pourquoi il avait choisi Milet pour dire au revoir au conseil des sages d’Ephèse ? Milet n’étant qu’à 20 km de Söke, c’était parti avec un temps pluvieux, un début de route désertique et froide.
Puis Milet, un havre de paix et bien plus. Ici siège la Sagesse. A la sortie du site, on trouve un petit village « Balat ». La déesse mésopotamienne Baalat représentait la sagesse et la connaissance de la Terre-Mère, une simple coïncidence.
A partir de Milet jusqu’à Akköy une magnifique route habitée encore par le conseil des sages d’Ephèse, les paroles de Paul et de Jean, la lumière. Aux fleurs du Chemin se mélange subtilement le parfum suave du jasmin et de la terre, sous la haute bienveillance d'un soleil dont la lumière à midi fait briller chaque feuille d'un éclat singulier, et la châleur plomber chacun de mes pas.
J’ai trouvé en fin de journée, une petite pension avec vue sur la mer pour 8 €.
Demain sera un nouveau jour. Ultreia
Photo : Porte ouverte vers le ciel. Agora de Milet

lundi 4 mai 2009

Sur la route de Bodrum...

kusadasi - Sökke : 20 km
Je suis partie tôt ce matin après un petit déjeuner préparé avec attention et parfait pour les touristes à la cherche de light. Mon besoin en sucre rapide augmente et mes petits déjeuners sont en principe très très sucrés. J'ai toujours en réserve dans mon sac, un tube de lait concentré neslé qui me permet d'éviter les coups de pompe de 10 heures qui sont assez fréquents chez moi.
Arrivée à Sökke, pour la première fois mon tee shirt pouvait être essoré. Imaginez le regard de ces habitants à mon passage avec mon bâton et en nage. Un seul hôtel, je l'ai donc vite trouvé.
Temps à la pluie, vent fort et solitude ont réussi aujourd'hui à me plonger dans un état de tristesse très inhabituel. Ma petite fille Ines est née et je n'ai pas pu la prendre dans mes bras.
Je lui expliquerai quand je rentrerai pourquoi, les enfants comprennent tout.

dimanche 3 mai 2009

Arrivée en Turquie - Les codes et usages pour marcher en paix

Je suis entrainée à décoder les signes qui sont sur ma route, ce qui me permet maintenant d’ajuster les aiguillages. J’ai donc tracé les grandes lignes sur ma nouvelle carte, et le reste se dévoilera chaque soir quand je poserai mon sac.
A mon arrivée à Cesme, au milieu d’une multitude d’hôtels et de pensions, j’ai choisi l’hôtel Cilek sur la route d’Izmir. J’ai hésité car de l’extérieur l’hôtel est de standing et le prix des chambres (je l’ai pensé) n’était surement pas à ma portée. N‘oubliez pas que j‘ai quitté la Grèce à cause du coût de la vie qui aurait explosé mon budget. Et là, Surprise ! Le prix est un cadeau et la chambre spendide (ça me change des bouibouis hors de prix de la Grèce, d’Italie et même de France.
Ufuk et Murat sont les directeurs de cet hôtel. Surpris de voir une pèlerine m'ont informé des codes et usages de leur pays qu'il convient de connaître afin de poursuivre sereinement ce périple.
Tout mon itinéraire s’est vu coloré sur ma carte, par des zones à éviter, des zones de paix et des zones à parcourir en bus et surtout pas à pied (peu de maisons et d’hôtels, route trop désertique et pas assez de passage, les sites hors champs touristes à voir et ceux qui sont à éviter). J’ai appris aussi quelques rudiments de la langue turque. Je sais dire bonjour, demander ma route, j’ai appris les nombres. Avec Ufuk j’ai acheté un dictionnaire, une nouvelle carte et je l’ai écouté avec beaucoup d’attention.
Les bénédictions sont des cadeaux à condition d’avoir l’humilité et la sagesse de les recevoir.
Je les remercie donc tous les deux.
2 mai - Selçuk - Ephèse - 10 km
A mon arrivée à Selçuk j’ai immédiatement entrepris de partir à Ephèse. La maison de Marie se trouve tout en haut de la montagne à 10 km. Un va et vient de cars et de taxi chargent des centaines de touristes étrangers et de turcs jusqu’à la sainte demeure.
Mon arrivée fut remarquée, et les gardes à l’entrée du site ont salué mon passage.
A côté de la maison de Marie, un évêque et un groupe de jeunes prêtres français en pèlerinage sur les traces de Saint Paul, priaient. L’évêque fut très surpris de rencontrer une pèlerine qui marche non pratiquante et donc païenne. L’échange fut intéressant comme deux mondes qui tentent désespérément de communiquer. Et nous y sommes parvenus.
J’ai dormi au monastère qui jouxte la maison de Marie et j’ai partagé un moment très agréable avec les sœurs.
3 mai - Ephèse - Selçuk - Kudasi - 28 km
Mais ce matin, je suis partie avant la messe recherchant le calme des montagnes, et la beauté d’un site chargé d’un mystère que les têtes bien pensantes ont tenté d’habiller.
Je tenais à aller sur le tombeau de St Jean. Admirer le temple d’Arthémis, l’une des 7 merveilles du monde, la porte d’Hercule, et le marché aux fruits et légumes tellement coloré et parfumé.
Puis à midi, les touristes sont arrivés et moi j’ai repris mon bâton pour aller à Kusadasi à quelques 18 kilomètres de Selçuk. La route est aménagée durant une dizaine de kilomètres en un sentier pavé, puis en une piste cyclable.
L’entrée de Kusadasi est surprenante : des grands hôtels partout, des aires de jeux pour enfants gigantesques (genre Disney Land). Tout a été pensé pour accueillir les étrangers à la mode de leur pays. Le petit village campé tout en haut de la colline où j’ai trouvé ma petite pension, y est plus respirable.
Demain sera un nouveau jour. Ultreia
Photo du tombeau de St Jean.

vendredi 1 mai 2009

De loin on ne comprend rien !

Ce que vit le voyageur qui marche est un ré- aménagement de son quotidien. Il y a les temps de marche, les temps de pause, les temps de réflexion et de rencontres.
Le voyageur sait qu‘il ne contrôle rien, et ne décide rien qui relève de l‘Essentiel.
Ainsi, il passe de l’accessoire, ce qui était pour lui essentiel(les kilomètres à faire, la marque du savon qui peut laver cheveux et chaussettes, l’heure à laquelle il faut déjeuner), à l’essentiel qui était accessoire c’est-à-dire vivre sa vraie Vie.
L’apprentissage de la liberté, de la prise de risque, les regards positifs que l'on garde et les autres que l'on écarte, se donner la liberté de changer de route, de rester plusieurs jours ou de partir immédiatement, se faire confiance et faire confiance aux signes du Destin, tout cela est un difficile apprentissage qui demande des années d'expérimentation...mais, ici, faites moi confiance...Je suis dans mon élément et quand je suis libre, l'Inconnu n'est que bienveillance à mon égard.

jeudi 30 avril 2009

Lever de soleil sur l'île de Chio

Chaque pays et chaque route donne une réponse à un questionnement, chacun est un fil conducteur initiatique. La France a été l'élan, le premier pas avec la difficulté de couper les élastiques dans le dos. L'Italie une préparation physique et émotionnelle et la Grèce une révélation sur ce que je savais déjà de moi depuis longtemps, mais que je refusais.
Bien que je dise mille fois merci à la Grèce d'avoir joué ce rôle, mon regard sur ce pays n'en reste pas moins désolant. Du nord au sud et de l'est à l'ouest, les sites historiques Athéniens rappellent la splendeur d'une culture perdue. Parcourir l'île de Salamina, puis l'île d'Egina et aujourd'hui Chio, fut un bonheur total. La lumière, le bleu de la mer, les fleurs du chemin ont remplacé mes frustrations à Athènes par la certitude d'un rendez-vous réussi et l'accomplissement d'une étape essentielle tant sur le plan professionnel que personnel.
Depuis mon arrivée en Grèce, mes planifications sont modifiées par les imprévus et mon budget qui est limité ne résistera pas au tracé initial dans ce pays.
L'île de Chio sera donc la dernière étape en Grèce, avant d'arriver en Turquie avec comme prochaine destination Izmir.
En Turquie, je me sentirai moins "seule" car j'y ai de nombreux amis et les contacts pris sont la promesse d'un accueil chaleureux.
Patra - Oggio - Athènes - Salamina - Egina - Chio : 200 km
C'est ce que j'ai vécu à Egina qui restera l'accomplissement d'un exploit dont je garderai le contenu secret.

samedi 25 avril 2009

Au revoir Italie, bonjour la Grèce

Partie Italienne
Turin - Quieri - Asti - Alessandria - Voghera - Piacenza - Montale - Fiorenzuela d’Arta - Parme - Fidenza 04/03 - Cassanandra - Fornovo taro - Cassio - Passo della Cisa - Passo della Cisa - Pontremoli - Villafranca - Marina di Massa - Pise - Sienne - Murlo - San Antimo - San Antimo -Abbadia San Salvatore - Acquapendente - Bolsena - Montefiascone - Vetralla - Monterosi - Basilique St Pierre Rome - Fiuggi - Frosinone - Vairano - Cassino - Atani - Sora - Venevento - Telesé - Grottimarda - Ariano - Foggia - Bari 803 kilomètres parcourus de Lyon à Rome et 311 de Rome à Bari.
Soit : 1114 km
Au-delà des kilomètres c’est tout ce que j’ai vécu sur ce Chemin : les rencontres magiques, des coeurs généreux, mes peurs, mes doutes, mes colères, les liens que j’ai gardé et ceux que j’ai perdu, les rires et les complicités partagées, les moments de désespoir aussi, les sentiments de grande victoire, le bonheur de vivre une aventure humaine unique, le plaisir de découvrir de nouveaux paysages, de faire confiance au hasard, de prendre des risques. Le sentiment d'exister pour moi-même, et de réaliser un rêve.
Un grand merci à vous : famille, amis et lecteurs pour votre présence discrète pour certains, plus marquée pour d’autres.
Partie Grecque
Patra - Oggio - Athènes - Dafounla - Aliartos - Orchomènos; Amfiklia - Lamia - Anavra - Agchialos - Keramidi - Istomio - Leptokaria - Pyanas - Chalastra - Langadas - Arethousa - Galipsos - Eleftouropoli - Navarli - Evalo - Port du Lagos - Maromia - Aristino - Turquie
Du 20 avril au 20 mai (intègre une semaine de travail à Athènes du 20 au 28).
Distance à parcourir entre 600 et 800 km (il est difficile avec les cartes d'évaluer avec justesse).

Synchronicité sur le Grand Chemin : une précieuse carte routière

La synchronicité est l'occurrence simultanée d'au moins deux événements qui ne présentent pas de rapport de causalité, mais dont l'association prend un sens pour la personne qui les perçoit. Notion développée par le psychiatre suisse Carl Gustav Jung. Théorie des événements porteurs de sens et conception d'un ordre sous-jacent de l'Univers qui échapperait aux lois physiques de la causalité, la synchronicité représente l'une des hypothèses les plus audacieuses du psychiatre, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives qui permettent de confronter ses travaux aux interrogations et aux formulations les plus récentes de l'activité scientifique.
Hubert Reeves, Michel Cazenave, Pierre Solié, Karl Pribram, Hansueli Etter et Marie-Louise von Franz, ont ici poursuivi avec des points de vue multidisciplinaires et une totale liberté de pensé leurs travaux sur l'organisation du monde et la réalité de l'âme
Ce phénomène que les marcheurs et amoureux de la nature connaissent bien est souvent, par les informations dont il est FORTEMENT chargé, confondu avec les fonctions intuitives ou médiumniques. Je crois que l’homme en marche entrainé à l’écoute, sait se mettre sur les "bonnes fréquences" et recevoir les informations de la terre et de l’univers. Celles-ci peuvent l’inspirer, faire émerger des intuitions, l’aider à s’ajuster ou s’adapter à son environnement, le guider harmonieusement sur la bonne route. Cette synchronisation décodée par le "corps antenne" est bien plus fiable que les interprétations analytiques construites par l’esprit et la raison.
Prochain article : l’Art de la guerre sur la route de la Paix.

jeudi 16 avril 2009

Endorphine, l'hormone du bonheur !

Ce qui était un exercice d’entrainement quotidien laborieux est devenu une discipline. Cette discipline un plaisir aujourd’hui. Je sais que je peux aller au delà des 40 km par jour, mais je sais aussi que je peux me blesser plus facilement...
Je vous invite à aller sur ce site qui vous fera découvrir les bienfaits d'une activité sportive quotidienne et non agressive de préférence...bonne lecture !
http://entrainement-sportif.fr/endorphine.htm

Une rivière de moutons

15 Vairano - Telesé : 35 km
Un vrai bonheur ce chemin !
J’ai rencontré Nicolas et son collaborateur Marcello, nous nous sommes promis de nous revoir en fin d’après midi à Benevento (ils sont tous deux chefs d'entreprise dans le domaine de la sécurité).
Ici, à Telesé, même si je revois le logo de la Via Francigena sud, l’accueil n’est pas au rendez-vous aujourd’hui. Les soeurs ne sont visiblement pas disposées et m'ont renvoyé à la paroisse.
Attendre, les pèlerins apprennent à apprivoiser le temps, mais que c'est difficile pour les impatient(e)s ! Après la messe de 19 heures, on m'accorde un petit endroit dans l'église pour la nuit. Chaque jour à sa peine, demain sera meilleur !
J’ai donc dormi par terre, il faisait froid mais beaucoup plus dans mon coeur, une nuit infernale!
16/04 - Telesé - Venevento : 30 km
7 heures et je suis déjà partie en direction de Benevento. De la bruine, quelques gouttes de pluie et mon sac ce matin pèse une tonne.
Arrivée à 15 heures au rythme très lent, je découvre Benevento. Cité médiévale pleine de symboles mystérieux.

mardi 14 avril 2009

Passage de l'hiver au printemps...Symbole de renaissance

12 avril - Sora - Atani : 23 km
Parcours sur une route départementale avec des paysages de montagnes aux belles couleurs du printemps. A mon arrivée, je trouve assez rapidement un B&B et le jeune homme me déconseille l’itinéraire que j’avais choisi pour aller à Iserna (route de montagne, pas âme qui vive). J'ai fait beaucoup de progrès depuis mon départ : j'écoute !
13 avril - Atani - Cassino : 28 km
Je suis partie ce matin à 7 heures avec une bruine fine puis grosses gouttes. Mon passage le plus délicat fut sous le tunnel. Je ne savais pas si je devais y aller ou renoncer. Je ne pouvais pas le contourner, je ne pouvais pas non plus l’escalader, hors de question de faire du stop à l’entrée. Après 10 minutes de réflexion je m'y suis engagée et finalement ce n’était pas si dangereux que cela (un trottoir longeait le tunnel sur un kilomètre environ).
A mon arrivée à Cassino, un couvent de bénédictines m'a ouvert ses portes. J’apprécie le silence de ces lieux et la paix qui y règne. En revanche je m’interroge sur l’enfermement qu’elles ont délibérément choisi et ce renoncement au monde.
J’ai partagé un repas avec des personnes qui étaient là en visiteurs. Les voix un peu stridentes des femmes et les rires des hommes m’ont amusé…J’ai adoré, cela m’a rappelé le bon vieux temps où le camp familial espagnol criait au lieu de parler…
14 avril - Cassino - Vairano : 40 km
Je suis partie de très bonne heure ce matin car ma route est plus longue que d’habitude et j’ignore si mes pieds et mon dos vont être d’accord.
Cette journée est dédiée au mari malade d’une dame adorable que j’ai rencontré ce matin…Je suis toujours émerveillée de voir chez les femmes en particulier, cette force si singulière pour accompagner la douleur dans la douceur et l'amour, et cette capacité de la prendre en charge sans rien demander en retour.
Bien que la route ne soit pas du tout faite pour les marcheurs, le paysage est tellement magnifique que j'en oublie la rudesse du goudron. Le soleil commence à taper fort dès 9 heures, et quand le soleil est là, j’ai des ailes aux pieds ! Tout est un enchantement : l’air sent les arbres en bourgeon et l’herbe fraichement coupée, des fleurs partout, je me surprends même à chanter sur la route, des airs de Piaf, de Joe Dassin, Paul Young (love is in the air un grand classique 1978 que j'adore)
Accueil chaleureux des sœurs du Sacré Cœur tout près de la paroisse Santi Cosma et Damiano. Merci au prêtre Luigi De Rosa.
Tout va bien, je n'ai jamais été aussi en forme que maintenant, j’ai le sentiment de vivre une expérience tellement unique et tellement riche, un réel privilège !

dimanche 12 avril 2009

Peut on concilier contraintes professionnelles et pélerinage ?

Depuis mon départ, la difficulté majeure a été de gérer à distance mes contraintes professionnelles, celle de faire comprendre une démarche à un groupe d’amis rassemblés autour de mon projet. Mais curieusement rien à expliquer à mes enfants qui ont tout compris « on ne lit bien qu’avec le cœur ! ».
D’un côté avec mon entreprise, des encours à gérer, des contacts à privilégier. De l’autre, avec mon association, l’absence de vécu d’expérience des chemins Jacquaires, creusait tous les jours une distance entre nous.
Tout cela me blessait bien plus que mes ampoules et mes contractures.
Tout cela m’empêchait de vivre le Chemin : pour certains ma démarche était qualifiée de pure folie, pour d’autres les standards habituels du pèlerinage étaient quelque peu bousculés.
Et pourtant, avec et contre tout cela, j’avançais pas à pas avec un sac bien trop lourd, mais j’avançais quand même.
Mon pèlerinage à moi est ouvert à la différence, non dogmatique, spirituel, il est une démarche vers la paix et pour la paix. Il n’écarte pas les réalités matérielles, mes devoirs, mes engagements.
Marcher en paix n’a pas été possible durant ces deux derniers mois, et, je peux vous assurer que vivre la paix dans un contexte en mouvement contraire relève de l’exploit. Mais pour autant convictions, force, volonté et une écoute très singulière aux synchronicités ont été amplifiés pour se transformer en immenses antennes bien plus fines que celles des satellites.
Je vais bientôt atteindre les 1000 kilomètres. Pour les 4500 qui restent à parcourir, je souhaite qu’ils se déroulent sans combat. Je fais confiance à mon bâton pour éloigner de mes pas, ignorance et lâcheté.
Une nouvelle forme de pèlerinage ? Verrons nous de plus en plus des chefs d’entreprises travailler autrement sur les Chemins Jacquaires ? Je l’espère très sincèrement, car ce qui était problème majeur hier, est devenu détail à gérer aujourd‘hui…voir autrement rend subitement la vie respirable et tellement plus belle…
Alors à la question, peut-on concilier contraintes professionnelles et pélerinage, je vous dis oui ! A condition d'aller jusqu'au bout de soi pour voir tous ces obstacles s'éloigner...

samedi 11 avril 2009

Du temps pour se surprendre, du temps pour partager


9 avril - Fiuggi ou Anagni Anagni cité antique dans laquelle de nombreux papes y ont grandi l‘histoire ne nous dit pourquoi. Fiuggi cité thermale reconnue pour soigner les maladies du rein.
C’est Fiuggi qui a été choisi pour moi :
Le 8 avril, St Exupéry avec mes amis Michel et sa femme Françoise qui partent en Chine, moi je vais à la pêche d’un billet d’avion avec Easyjet, mais trop cher, le train s’impose.
Gare St Exupéry / Milan puis changement pour un train couchette de Milan à Rome, là j’arrive à 7h30 et je peux avec une bonne nuit repartir sur la route…
Mais, arrivée à Milan à 22h30, le train est annulé sans avertissement et je me retrouve avec un jeune éthiopien dans la même situation à courir de gare en gare, de train en train pour arriver enfin à Rome à 9 heures.
Une nuit sans sommeil, une nuit de course, mais aussi et surtout une nuit de fous rires, d’échanges en anglais en italien en français avec le jeune Hossein.
A Rome, j’ai revu mon plan. Epuisée, je décidais de me faire cadeau de la première étape (les pèlerins ont une façon d’appréhender le Chemin différente des randonneurs : ce qui n’est pas fait avec ses pieds est comptabilisé et se fera un autre jour, une sorte de promesse que l’on se fait à soi même). Je décide donc d’aller à Anagni, mais je me trompe d’arrêt et j’arrive à Fiuggi, où je rencontre la belle Anna à la sortie de la gare. Après quelques échanges, elle me propose l’hospitalité dans sa petite famille. J’ai passé un moment délicieux en compagnie de cette famille au grand cœur. Merci à Anna, à son mari Enrico de toute cette gentillesse.
10 avril Fiuggi - Frosinone : 30 km
Ce matin je me suis levée en pleine forme, des plaines d’oliviers majestueuses, une terre rouge et presque poudreuse, des sentiers qui ne demandent qu’à être découverts…Un horizon immense devant moi ! et je suis arrivée en début d’après midi à peine fatiguée dans un hébergement trouvé par Henri. et sa femme Anna.
Il faut savoir que cette région n’est seulement qu’à 30 kilomètres du séisme, et les tremblements de terre ont été ressentis sans dégâts.
11 avril - Frosinone - Sora : 29 km
Journée sous le soleil avec des erreurs d’aiguillage, car je me suis retrouvée sans le voir sur une autoroute interdite aux piétons. Ré-aiguillage de la police qui m’a remis sur le bon chemin !
Sora est entourée de montagnes et je suis accueillie avec beaucoup d’égard par les sœurs de St Giovanni Antida. Il est nécessaire que je me procure une carte plus précise pour les routes que je dois emprunter, car je voudrais éviter de me faire tirer les oreilles par la police qui veille et surveille les voyageurs solitaires.
Les recommandations de la police sur les éventuels malfrats étaient insistantes et j’ai bien compris que je devais redoubler de prudence.
Ce matin dans les journaux, de nouveaux séismes sont annoncés mais de plus faibles amplitudes. La population ne semble pas s’en préoccuper plus que ça et moi non plus d'ailleurs !

jeudi 9 avril 2009

Avoir la foi pour diriger une entreprise, une nécessité ? un privilège ?

Le 29 mars 2009, les assises nationales des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens ont rassemblé de grands chefs d'entreprises et les capitaines d'industrie de France. Ils ont travaillé sur le thème "Diriger et servir" pour réfléchir à leurs comportements de dirigeants. Le lien en bas de l'article vous en dira plus.
Depuis que je chemine, la question se pose tous les jours : peut on concilier "durablement" vie spirituelle et responsabilités entrepreunariales ? Pourquoi parler de la bourse ou de finance est plus crédible pour un patron que de parler de ce que ses intuitions lui ont suggéré sans passer pour un rêveur ou un illuminé ?
La foi des patrons s'abrite t-elle dans des tableaux de bord ? dans les espérances fondées sur des croyances ? Dans leur capacité à réinventer le monde ?

Quelques écrits sont déjà dans mon carnet de route...et seront publiés en septembre.

mardi 7 avril 2009

La règle d'Or du marcheur : ne laisser jamais personne décider à sa place

La voie Appienne Brindisi ou Bari ?

J'ai un rendez-vous le 29 avril pour un coaching de 3 jours dans le pays des philosophes à Athènes. Les pélerins du XXI eme siècle ne sont pas si différents de ceux du premier millénaire : marcher à son rythme, retrouver du sens n'écarte pas pour autant de prendre en compte le monde et ses réalités.
A raison de 35 à 40 km par jour je devrais être à l'heure...Je supporte mieux la châleur que le froid, je marche à 6 km/heure sans fatigue. Je viens d'alléger mon sac, tout cela devrait me permettre d'honorer mon rendez-vous sans altérer la dimension spirituelle de cette étape italienne.
Comment ? Facile ! En partant le matin très tôt (vers 6h30), je devrais arriver vers 14/15 heures, il me reste donc, encore du temps !
La photo est la testimonium remise aux pèlerins à leur arrivée à la Basilique St Pierre.

mercredi 1 avril 2009

mardi 31 mars 2009

Temps pris, temps donné : la paix avec le temps

La marche est une occasion offerte pour faire la paix avec le temps. Jeter ses chaussures sous un pont pour plonger ses pieds dans l’eau fraîche d’un cours d’eau, ou assis contre l’écorce rugueuse d’un arbre réconcilie avec le temps.
Il y a une différence entre le voyageur classique à l’affût des merveilles du monde et le voyageur libre de toute entrave (sachant que ce voyageur est le miroir de ce qu'il est dans son existence).
Chacun appréhendera le temps à sa manière et le Temps, lui, leur prendra ou leur donnera ce sentiment si précieux parce que rare, de disposer d’un pouvoir absolu appelé liberté.
Le voyageur libre, n’attend rien et selon le bon vouloir du temps, le guide sur le versant obscur ou lumineux de son être, et cheminera sur une clairière embrumée ou étincelante.
Pour autant parce que toujours dans le présent (temps donné), ce voyageur libre construit, souvent plus vite et plus juste en dehors de la contrainte de ce temps à prendre.

vendredi 27 mars 2009

De la solitude du marcheur au bonheur du cheminant

Quand on écoute les échanges entre pèlerins, le plus difficile à gérer est la solitude. Je parle de celle qui ne nous permet pas de communiquer avec les autres, et donne le sentiment étrange d’être déliés. Ce sentiment au départ peut faire peur, être insupportable, ou au contraire nous donner l’occasion unique de couper les derniers élastiques fortement attachés dans le dos. Vous savez, ces attaches qui nous retiennent à des vieux schémas, à des vieilles peurs et nous empêchent d’avancer ?
Les hors saison présentent l’avantage d’avoir le Chemin pour soi et rien que pour soi. La monnaie de l’échange est d’accepter l’absence d’échange avec le reste du monde.
Pour la plupart des marcheurs, le silence de la journée est un cadeau qui porte chaque pas d’une authenticité désarmante d’un soi vers Soi. Un silence qui dévoile un espace oublié, un espace à explorer. Un silence qui remplit le cœur de paix, d’amour et de compassion. Un silence qui répare. Un silence qui nous prépare.
Mais le soir, quand le lit est enfin trouvé, les chaussettes lavées et le sac de couchage installé, partager devient nécessaire.
A la barre des 500 kilomètres, le cheminement s’installe et par une alchimie mystérieuse, transforme le besoin de partage en bonheur de « besoin de rien ».
Dans cet état de conscience, tous les problèmes prennent une autre dimension, se présentent sous des formes différentes. Assis là sur un rocher, de l’évidence surgissent les réponses.

mardi 24 mars 2009

Ecouter la nature, voir autrement


Les 5 portes ou 5 sens
Le sentier de montagne sur lequel j’étais engagée était fort, vert, brillant, il sentait les essences de bois avec quelques notes d‘ardoise et de mousse. Mes pas étaient comme absorbés par un léger poudrage de terre et de feuilles givrées. Les rayons du soleil du matin perçaient quelques branchages et venaient éclairer un rocher, une écorce d’arbre, un bruissement d’ailes.
Les bruits de la forêt, le sentiment d’être observée et protégée par des centaines de petits yeux (fourmis, araignées, mulots, oiseaux, rapaces, chevreuils), tout cela était un enchantement. Puis en un instant tout bascule et une intuition très forte celle de rebrousser chemin, surgit.
Quelques fois, la lumière de certains sentiers, leurs odeurs, leurs couleurs ne me donnaient pas envie d’y aller, mais je n’avais pour autant pas cette agitation subite, cette alerte inexplicable.
Nos instincts et intuitions sont contrôlés par nos codes, notre éducation, sont détruits par le « trop de sécurité » et nos précieux radars s’éteignent alors.
L’expérience du cheminement conduit à les réactiver, à les aiguiser jusqu’à leur faire confiance et EN SITUATION DE CRISE se laisser piloter par eux. Dans des contextes complexes et d‘urgence, les responsables d’entreprise et managers pourraient laisser leurs intuitions ou instinct parler, ils obtiendraient j’en suis sure, des réponses adaptées, justes et rapides.
Les exercices que je propose sur les sentiers et routes sont très simples, ils n’ont aucune représentation symbolique ou intellectuelle. Il s’agit de retrouver des sensations perdues ou lointaines et de les réactiver. Toutefois le travail préalable reste incontournable : rupture avec l’environnement, silence, discipline, régularité et plaisir.
Extrait de l‘ouvrage « qu’est-ce qui fait marcher un chef d’entreprise ? »
Pour information, la régularité des éditions des articles est conditionnée à l’accès à Internet et aux réseaux téléphoniques
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lundi 23 mars 2009

Lyon - Rome - 800 km en 33 jours


Lyon - Rome 33 jours Près de 800 kilomètres parcourus à pied 7 jours d’arrêt : 2 pour une blessure, 3 pour attente documents par la poste, 2 repos réel.
Les étapes : 29/01 . Lyon - St Pierre de Chandieu : 18 km 30/01 : St Pierre de Chandieu - Côte St André : 20 km 31/01 : Côte St André - Voreppe : 23 km 01/02 : Voreppe - Grenoble : 20 km 02/02 : Grenoble - Vizille : 20 km 03/02 : Vizille - La Mure : 25 km 04/02 : Albertville - Aiguebelle : 25 km 05/02 : St Jean de Maurienne - Modane : 25 km 21/02 . Turin - Quieri : 22 km 22/02 . Quieri - Asti : 40 km 23/02 . Asti - Alessandria : 40 km 24/02 . Alessandria - Voghera : 15 km 25/02 . Voghera - Piacenza : 15 km 26/02 . Piacenza - Montale : 2 km 27/02 . Montale - Fiorenzuela d’Arta 28 km 03/03 . Parme - Fidenza : 20 km 04/03 - Fidenza - Cassan : 15 km sous la pluie. 05/03 - Ca - Fornovo taro : 20 km 6/03 - Fornovo - Cassio : 20 km de montagne 7/03 - Cassio - Passo della Cisa : 20 km de montagne 8/03 - Passo della Cisa - Pontremoli - 23 km 10/03 - Pontremoli - Villafranca - 30 km 11/03 - Villafranca - Marina di Massa - 25 km 12/03 - Marina di Massa - Pise 35 km par la route de la mer 13/03 - Sienne 14/03 - Sienne - Murlo : 30 km 15/03 - Murlo - San Antimo : 37 km, blessure chemin impraticable et mal signalé…Moral à zéro ! 18/03 - San Antimo -Abbadia San Salvatore : 30 km - Parcours en côte - Blessure guérie 19/03 - Abbadia San Salvatore - Acquapendente : 26 km sous la pluie et la veste de Raidlight se révèle magique 20/03 - Acquapendente - Bolsena : 26 km, brume et froid 21/03 - Bolsena - Vetralla : 38 km, colère, neige et froid 22/03 - Vetralla - Monterosi : 30 km des ailes aux pieds… 23/03 - Monterosi - B : 28 Basilique St Pierre : 40 km
St Jacques de Compostelle et la Via Francigena
Tout d’abord ces deux chemins ne sont pas comparables tant sur le plan émotionnel que sur des aspects plus culturels ou logistiques. Les paysages, les rencontres, l’organisation et les réseaux d’accueillants ou hospitaliers prédisposent à des états émotionnels de joie, de rire partagé, d’échanges et bien sur de Cheminement. Le Chemin de St Jacques a été le déclic à d’autres projets dont celui de Lyon/Jérusalem.

Pour le chemin qui va de Lyon à Rome mes perceptions et mon vécu en sont très différents. Je serais intéressée de pouvoir partager mes impressions avec d’autres qui l’ont parcouru, seul et dans une période hivernale principalement. Je serais curieuse de comparer nos ressentis sur certaines étapes. Dans ce que j’ai vécu, trois temps très distincts : l’étape des doutes, celle de la rupture avec le monde, puis de la victoire sur le « vieux ».
Pour ma part ce fut une longue route goudronnée (le trafic incessant des voitures, le bruit, le stress, le froid) ne me mettaient pas du tout dans les mêmes dispositions que sur le Chemin de St Jacques.
Heureusement les touts petits interludes entre Fidenza et Pontremoli puis en Toscane ou les chemins étaient magnifiques et les arrêts passionnants ont compensé.
Le réseau d’accueillants est quasiment inexistant (hiver), et un grand nombre d’informations données sur les fiches du guide de la Via Francigena obsolètes. Contre et avec tout cela, un sentiment de fierté et beaucoup d’émotions quand je suis arrivée à Rome, car depuis quelques jours j’avais des ailes aux pieds.
Je reste persuadée que Lyon / Piacenza par des voies historiques est sans aucun doute possible. L’association des amis de St Jacques de Compostelle a surement la réponse.
Plan d’entrainement sportif : 33 jours pour me préparer physiquement à de plus longues distances. J’ai voulu des étapes courtes de 15 kilomètres puis progressivement, je suis passée de 20 à 25 avec des écarts de 40 pour voir ... Aujourd’hui 30 km par jour est devenu facile même avec un sac de plus de 7 kg sur les épaules, ils sont réalisés en 5 heures sans aucune douleur.
Curieusement ma marche s’est modifiée, je n’use plus les semelles de la même manière !
Pour les aspects plus psychologiques, à il faut être apte à vivre positivement une sorte d’éloignement avec le monde et de vivre de façon intense des liens affectifs sans la proximité.

dimanche 22 mars 2009

Veste magique

Le sac est déjà magique avec son poids plume et ses fonctionnalités multiples. Il est résistant et ne souffre pour l’instant d’aucune détérioration, comme neuf au bout de quelques 700 km.
La veste est elle tout aussi magique : je les testé lors de journées de marche sous la pluie, j’ai renvoyé ma parka trop chaude, mais je n’ai pas encore acheté de poncho adapté, aussi la veste de RaidLight m’a complètement surprise. Elle est capable de nous garder au sec 5 heures non stop sous une pluie battante. Elle peut aussi nous protéger du vent, tout cela ne pèse que quelques grammes et très facile d’entretien.
Merci à ce matériel magique qui a contribué fortement à l’atteinte de mes objectifs quotidiens et surtout à mon confort.

Le langage des chemins


En effort de soi vers lui, 3 clés : Silence - Discipline - Plaisir
Dépollution

L’effort régulier que suggère l’action de marcher nettoie, dépollue, nous distancie de toute fusion affective négative.

Ce travail de nettoyage affine notre perception sensorielle et développe même, un ou plusieurs de nos cinq sens. (…)
Nous pouvons commencer à percevoir les bienfaits de l’action de marcher déjà au bout de 8 jours et selon une technique qui peut être assimilée aux différentes approches ou courants de méditation. (…)
Le silence
Le silence est un facilitateur, je dirai même un « passeur » Une anecdote : j’ai croisé un « frère du Grand Chemin » français qui allait à Rome, un vrai montagnard ce Patrick. Son pas était plus rapide que le mien, entrainé aux longues distances et aux parcours de haute montagne. Nous avons marché ensemble 2 jours. Patrick avait besoin de parler. Poursuivre le périple avec lui m’était impossible (j‘espère qu‘il ne m‘en veut pas).
La régularité
La régularité de la distance à parcourir, la régularité du pas, celle aussi de son souffle enracine une discipline, une sorte de rituel ouvrant les portes de nos cinq sens.(…)
Deux mouvements de cheminement sont à observer :
« rentrer » dans le Chemin, ou « être pris » par Lui (...)
Nos cinq sens sont donc des Grasportes qui nous ouvrent vers des univers bien réels et pourtant devenus invisibles. Quelques peuples sont encore les dépositaires d‘une sagesse ancienne que nous avons oublié. Qu’ils soient protégés de la modernité et de la folie des hommes civilisés.
Extrait de l‘ouvrage « qu’est-ce qui fait marcher un chef d’entreprise ? »
Pour information, la régularité des éditions des articles est conditionnée à l’accès à Internet et aux réseaux téléphoniques
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jeudi 19 mars 2009

….Partir, marcher et cheminer : 3 étapes, un processus

L’humanité n’a eu de cesse la contrainte de l’espace et du temps. Les choix de nos vies en sont fortement influencés, par nécessité, par convention…
Perte de sens et de repères sont les premiers signes qu’un ré-aiguillage devient nécessaire parce que vital.
La crise matérialise à sa manière la folie dans laquelle nous vivons et nous éclaire des modélisations ou instrumentalisation dont nous nous sommes faits les défenseurs. Pour en sortir c’est facile : partir, marcher et cheminer ! (…)
Partir
Partir c’est l’élan qui contient toute l’énergie dont nous avons besoin pour mener jusqu’au au bout un projet.
Partir c’est aussi laisser son ancienne vie, pour aller vers une nouvelle. (…)
Marcher
Marcher c’est le mouvement de la vie qui nous révèle à nous même.
Marcher c’est aussi faire peau neuve, briser ses vieilles résistances, retrouver des sensations. La combinaison de partir et de marcher, nous permet d’accéder à un état : « Cheminer ».(…)
Cheminer est à la fois un état de conscience et un processus naturel, vieux comme le monde, de transformation et d’éveil. (…)
Partir de Lyon, et marcher jusqu’à Parme fut un entrainement, un effort personnel intense et nécessaire. Le souffle, la résistance, la volonté, le courage, tout cela a été éprouvé et renforcé. (…)
Pour les aspects plus psychologiques et émotionnels, colère, peur, joie, doute ont fait aussi parti du cortège. (…). La colère me donnait la force mais brulait à grande vitesse mon énergie. La peur et les doutes m’ont freiné et même blessé physiquement. La joie m’a donné des ailes aux pieds, l’amour que je porte à certains êtres, réconforté. (…)
Pour autant, entrer dans ce processus m’était impossible. Impossible de partir véritablement parce que rattrapée sans cesse par des codes et des contraintes que je subissais de plein fouet.
Je marchais donc sans être partie !
500 kilomètres de goudron, de stress et de pressions inutiles bloquaient (…)
A Parme la rupture avec « l’ancienne vie » fut actée, et ce n’est qu’à Sienne que j’ai senti le processus enfin œuvrer et ma « nouvelle vie » se dévoiler.
A San Antimo, la guérison d’une blessure à la jambe sur une étape difficile s’est accélérée, et tout le reste éloigné. Je respirais mieux, dormais mieux et mangeais mieux.
La rupture est donc une des composantes de tout processus de renouvellement et ne peut malheureusement être évitée pour ce type d’expérience. (…)
Etre avec et être à côté, ou l'art de la relation durable
Etre « avec » les êtres n’altère jamais les liens, et la distance et le temps n’ont aucune prise sur eux.
Cette approche psychologique est une des conditions qui permet de vivre sereinement la solitude, puissant levier de créativité et territoire de paix(…)
Etre « à côté » conduit la personne (pour les retours que j’en ai eu) à supporter très difficilement la solitude, plus que les liens, l’affectif résiste mal à la distance et au temps. (…)
Extrait de l’ouvrage « qu’est-ce qui fait marcher un chef d’entreprise ? »
Pour information, la régularité des éditions des articles est conditionnée à l’accès à Internet et aux réseaux téléphoniques.