6 mai - Tshruni - Akbük - 20 kmLa route est surprenante par ses différents paysages. La mer, les larges voies à grande circulation qui ne mettent pas en danger le voyageur. Des petites routes peuvent être aussi empruntées, mais ne sachant pas où exactement elles mènent, je préfère rester sur le tracé de la carte. J’ai bu mes deux bouteilles d’eau très vite. La règle d’or du marcheur : ne jamais en manquer. Une halte dans cette petite épicerie sur le chemin s’impose. J’ai eu en cadeau, un délicieux thé offert avec le cœur. J’ai droit à un salut de la main à chaque fois que je croise sur ma route des 3ème et 4ème âge, gardiens de traditions séculaires.
Arrivée à Akbük des aménagements touristiques de folie jouxtent des petits bateaux de pêcheurs regroupés en coopérative.
J’ai souffert aujourd’hui de la chaleur qui m’a saisie dès 9 heures. J’ai beaucoup de difficulté à dépasser le cap des 20 kilomètres sans avoir un rythme cardiaque qui s’emballe sous ce soleil de plomb. Mon corps a besoin d’une semaine d’adaptation, il ne faut pas le brutaliser si je veux qu’il me conduise jusqu’au bout de mes rêves.
Conséquences :
Fatiguée, lorsque j’arrive à destination, je me donne plus vraiment le temps de choisir une pension et je fais souvent la bêtise de prendre la première juste pour ne pas avoir encore à marcher plus longtemps.
Avantage du bord de mer, il n’y a pas de problème d’hébergement.
Paradoxe : Aujourd’hui j’ai fait un effort. Je me suis dirigée vers un petit village qui me semblait tranquille de par son éloignement de l’autre côté de la crique. C’était un village Med de français. Je rends hommage au club Med qui génère des emplois et une activité locale signifiante. Mais je suis toujours surprise quand je vois mes compatriotes prendre des leçons de salsa en maillot de bain au bord d’une piscine bien trop petite, demander au barman français à quelle heure on mange, et se faire cuire sous un soleil brûlant dans un pays qui ne demande qu’à être rencontré avec une population attentive et à l’écoute de l’étranger.
Il y avait des chambres, mais j’ai préféré une autre option « le limite insalubre » mais présentant l’intérêt d’ouvrir un vrai échange avec la jeune fille à la réception et avec son frère Hamed, serveur au restaurant d’à côté.
7 mai - Akbuk - Bodrum - 17 kmCette région est parcourue de sentiers oubliés, non balisés qu’un voyageur étranger ne peut se risquer à prendre. Demandez à la population si ce chemin va bien en direction de Bodrum, la réponse est indécise, floue. La raison l’a donc emporté ce matin, j’ai fait un demi tour pour me retrouver sur la route de Milas qui conduit à Bodrum, soit environ 17 km, puis le bus. C’est un tronçon de route avec des paysages magnifiques mais rien pour vous approvisionner en eau, et si un problème survenait, ni village, ni hôtel à moins de 30 km.
Bodrum avec ses rues gorgées de commerce et débordant de tous les côtés de touristes en quête de l’affaire du siècle m’a fait fuir et c’est l’île de Kos qui m’accueille ce soir. St Paul a fait une halte lors de son 3ème voyage, Hyppocrate y est né, et des sites historiques moins connus mais aussi beaux à admirer m’attendent. J’ai besoin d’un retour au calme, j’ai besoin de trouver de nouvelles marques pour poursuivre en direction d’Antalya, j’ai besoin de m’acclimater à cette température que j’ai par ailleurs connue chez moi en Camargue, mais que j’avais oubliée.
J’ai élaboré un programme d’entrainement. Je vais encore alléger mon sac et changer d’alimentation qui sera plus importante en sucre, et chocolat noir puisque je ne trouve plus de lait concentré sucré Nestlé. Ni fromage ni viande, mais poisson, oléagineux (noisettes) et olives pour le potassium que je perds en transpirant. J’ai certainement perdu encore un peu de poids, mes vêtements me le disent, alors prudence !
8 mai - Kos : 40 km
Je sais pourquoi St Paul est venu dans cette île ! Pour retrouver la pêche ! Le parcours du mont Dikeos a été une remise en forme par l’effort avec le plaisir de l’effort, que du bonheur !
Le mont a été pris d’assaut et aménagé en une gigantesque base militaire avec interdiction de filmer ou de prendre des photos. J’ai vu des patrouilles pendant mon trekking, au moins dix fois. Je voulais dormir à la belle étoile, mais j’ai dû revoir mon programme.
9 mai - Bodrum - Güvercilink - 28 km
10 mai - Mugla - Gokova - 26 km
Sur cette route que du bonheur : les montagnes me parlent, les gens que je croise et qui m'invitent à boire un thé, ou m'offrent une bouteille d'eau fraîche comme ça, au passage...des sourires "d'anciens" assis devant leur porte, les bonjours des enfants amusés de me voir marcher avec mon bâton.
Tout devient ici et maintenant plus facile.