jeudi 28 mai 2009

Bilan à mi-chemin

Des combinaisons se sont formées au fil des kilomètres et des pays traversés :
- La marche a été rejointe par la prière
- La discipline par le sens
- L’espace et le temps par la beauté
- Les émotions par un miroir

D’une déchirure au cœur qui guérissait lentement, à l’absurdité d’une implication sans conviction, « l’appel » d’un certain mois d’avril 2008 a été entendu.
Ainsi, l’exploit sportif n’a jamais eu sa place dans cette démarche plutôt singulière pour un chef d’entreprise, pas plus qu’une ascèse enracinée dans un dogme religieux ou philosophique.
Au centre de chaque jardin secret, l’âme.
L’agitation, les conventions, les faux problèmes, les mauvaises routes comme les mauvaises rencontres deviennent des combats inutiles et dévastateurs. Ils agissent comme des ouragans ravageant ce que nous avons de plus précieux.
Etre debout était la preuve de ma capacité à construire des possibles dans un univers de non sens, autrement dit un impossible à vivre, mais pour combien de temps encore ?
Je suis donc partie le 29 janvier 2009 pour répondre à cet appel en me disant que le sens serait éclairé par chacun de mes pas sur les sentiers et routes des 9 pays que j‘allais traverser. J’avais 7 mois pour le faire.
Sportive, je l‘ai été, et je vous confirme que le corps peut être un précieux allié quand il est respecté et aimé.
Je connais mes fragilités qui sont le résultat d’une pratique sportive intensive lorsque j’étais jeune. Opérée en juin 2008 du pied droit, je me donnais ainsi toutes les chances d’aller jusqu’au bout de cette aventure.
Sans aucun entrainement depuis de nombreuses années, la partie française a été rude, puis en Italie tout est devenu fluide, facile. En Grèce et en Turquie la chaleur m’a imposé un rythme plus lent, nouveau pour moi.
Psychologiquement, la solitude est bien supportée presque trop bien et une sensibilité à fleur de peau est le plus souvent ma boussole.
Quand aux dangers sur ma route, ceux qui n‘ont pu être évités, ont été plutôt bien gérés et n’ont pas eu de nuisance ou conséquence faisant obstacle à ma progression. Pour les autres, ils seront présentés dans l’ouvrage en cours d’écriture sous forme d’anecdotes, plus ludique et donc plus pédagogique.
J’ai su sans en souffrir, m’acclimater aux nuits à même le sol, aux conditions dépourvues de confort, aux hommes et aux femmes déshumanisés. J’ai su marcher le ventre vide, faire avec les incompréhensions de mes amis, et même gérer à distance des affaires qui pouvaient attendre mon retour. J’ai su enfin, laisser mes colères et mes larmes s’en aller, pour retrouver une liberté inespérée.
Sur le plan professionnel, c’est à Rome qu’un projet a émergé : créer une voie reliant Lyon au Sinaï par Rome et Jérusalem « La Route de la Paix ». Et à Tarsus qu’une nouvelle direction personnelle s’est dévoilée.
Jérusalem s’est présentée sur l’ile d’Egina comme l’avant dernière étape, le point d’appui indispensable pour poursuivre sur l’ancienne voie des Patriarches et rejoindre le monastère Ste Catherine avec ses trois monts : Sinaï, Ste Catherine et Moïse.
Là s’arrêtera cette aventure humaine, pour laisser la place à une autre qui est déjà dessinée.
Photo : tombeau de Lazare à Larnaca (Chypre)

5 commentaires:

  1. Haho!
    Les amérindiens prononcent ce mot quand ils estiment que quelqu'un a bien parlé. C'est une affirmation dans le respect, un consentement envers le message prononcé, et une reconnaissance de la sagesse, de la sapience de ce qui a été dit, ou écrit. Ce message ci-dessus, Cathy, m'inspire ce "HAHO!".
    Metakoyé Oyasin (nous sommes tous reliés)

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  2. Votre bilan à mi-chemin rejoint ce que la Vie m'a appris : l'espace et le temps n'existent pas. Ils ne sont que des inventions de l'Homme. Par contre la Beauté existe : la Beauté de la Nature, la Beauté des sentiments, la Beauté du Coeur, la Beauté des relations Amicales souvent inattendues. Quant aux émotions, nous avons besoin d'un miroir pour les comprendre. Ce miroir se précise au fil de notre vécu et quant il est là devant nous, alors nous pouvons mieux nous connaître et nous savons immédiatement le chemin à suivre.
    Bonne continuation et beaucoup de courage.

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  3. "Ahlan wa sahlan" Catherine !
    La source qui surgit du Cédron a permis l'implantation humaine au bord du désert de Judée. Elle est à mi-chemin entre le sommet du mont des oliviers et la colline du Golgotha, à mi-chemin entre le désert aride et la source de vie éternelle qui a jailli du côté ouvert de Jésus crucifié. Que votre halte à Béthanie et le jour de Pentecôte à Jérusalem illumine votre rencontre de l'Essentiel, Celui qui accueille dans la bergerie et qui pousse en avant au chemin du sens plénier.
    Bonne continuation vers la Transfiguration au sommet du Sinaï, car si la Loi fut donnée par l'intermédiaire de Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ (Jean 1,17). Sainte Catherine a tenu bon jusqu'au bout, à votre tour maintenant, dans la paix.
    Fraternellement, Christian

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  4. Merci Christian, pour ce merveilleux message...Je tiendrai bon jusqu'au bout car ce qui me porte et m'anime est une source inépuisable dans laquelle je puise force, confiance et paix...
    Fraternellement

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  5. J'ai hâte de lire le récit complet de ce parcours hors norme, si bien réussi !
    A bientôt j'espère, après que vous ayez pu revoir votre famille.
    Fraternellement, depuis Jérusalem, ce 16 juillet 2009.

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