mardi 31 mars 2009

Temps pris, temps donné : la paix avec le temps

La marche est une occasion offerte pour faire la paix avec le temps. Jeter ses chaussures sous un pont pour plonger ses pieds dans l’eau fraîche d’un cours d’eau, ou assis contre l’écorce rugueuse d’un arbre réconcilie avec le temps.
Il y a une différence entre le voyageur classique à l’affût des merveilles du monde et le voyageur libre de toute entrave (sachant que ce voyageur est le miroir de ce qu'il est dans son existence).
Chacun appréhendera le temps à sa manière et le Temps, lui, leur prendra ou leur donnera ce sentiment si précieux parce que rare, de disposer d’un pouvoir absolu appelé liberté.
Le voyageur libre, n’attend rien et selon le bon vouloir du temps, le guide sur le versant obscur ou lumineux de son être, et cheminera sur une clairière embrumée ou étincelante.
Pour autant parce que toujours dans le présent (temps donné), ce voyageur libre construit, souvent plus vite et plus juste en dehors de la contrainte de ce temps à prendre.

vendredi 27 mars 2009

De la solitude du marcheur au bonheur du cheminant

Quand on écoute les échanges entre pèlerins, le plus difficile à gérer est la solitude. Je parle de celle qui ne nous permet pas de communiquer avec les autres, et donne le sentiment étrange d’être déliés. Ce sentiment au départ peut faire peur, être insupportable, ou au contraire nous donner l’occasion unique de couper les derniers élastiques fortement attachés dans le dos. Vous savez, ces attaches qui nous retiennent à des vieux schémas, à des vieilles peurs et nous empêchent d’avancer ?
Les hors saison présentent l’avantage d’avoir le Chemin pour soi et rien que pour soi. La monnaie de l’échange est d’accepter l’absence d’échange avec le reste du monde.
Pour la plupart des marcheurs, le silence de la journée est un cadeau qui porte chaque pas d’une authenticité désarmante d’un soi vers Soi. Un silence qui dévoile un espace oublié, un espace à explorer. Un silence qui remplit le cœur de paix, d’amour et de compassion. Un silence qui répare. Un silence qui nous prépare.
Mais le soir, quand le lit est enfin trouvé, les chaussettes lavées et le sac de couchage installé, partager devient nécessaire.
A la barre des 500 kilomètres, le cheminement s’installe et par une alchimie mystérieuse, transforme le besoin de partage en bonheur de « besoin de rien ».
Dans cet état de conscience, tous les problèmes prennent une autre dimension, se présentent sous des formes différentes. Assis là sur un rocher, de l’évidence surgissent les réponses.

mardi 24 mars 2009

Ecouter la nature, voir autrement


Les 5 portes ou 5 sens
Le sentier de montagne sur lequel j’étais engagée était fort, vert, brillant, il sentait les essences de bois avec quelques notes d‘ardoise et de mousse. Mes pas étaient comme absorbés par un léger poudrage de terre et de feuilles givrées. Les rayons du soleil du matin perçaient quelques branchages et venaient éclairer un rocher, une écorce d’arbre, un bruissement d’ailes.
Les bruits de la forêt, le sentiment d’être observée et protégée par des centaines de petits yeux (fourmis, araignées, mulots, oiseaux, rapaces, chevreuils), tout cela était un enchantement. Puis en un instant tout bascule et une intuition très forte celle de rebrousser chemin, surgit.
Quelques fois, la lumière de certains sentiers, leurs odeurs, leurs couleurs ne me donnaient pas envie d’y aller, mais je n’avais pour autant pas cette agitation subite, cette alerte inexplicable.
Nos instincts et intuitions sont contrôlés par nos codes, notre éducation, sont détruits par le « trop de sécurité » et nos précieux radars s’éteignent alors.
L’expérience du cheminement conduit à les réactiver, à les aiguiser jusqu’à leur faire confiance et EN SITUATION DE CRISE se laisser piloter par eux. Dans des contextes complexes et d‘urgence, les responsables d’entreprise et managers pourraient laisser leurs intuitions ou instinct parler, ils obtiendraient j’en suis sure, des réponses adaptées, justes et rapides.
Les exercices que je propose sur les sentiers et routes sont très simples, ils n’ont aucune représentation symbolique ou intellectuelle. Il s’agit de retrouver des sensations perdues ou lointaines et de les réactiver. Toutefois le travail préalable reste incontournable : rupture avec l’environnement, silence, discipline, régularité et plaisir.
Extrait de l‘ouvrage « qu’est-ce qui fait marcher un chef d’entreprise ? »
Pour information, la régularité des éditions des articles est conditionnée à l’accès à Internet et aux réseaux téléphoniques
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lundi 23 mars 2009

Lyon - Rome - 800 km en 33 jours


Lyon - Rome 33 jours Près de 800 kilomètres parcourus à pied 7 jours d’arrêt : 2 pour une blessure, 3 pour attente documents par la poste, 2 repos réel.
Les étapes : 29/01 . Lyon - St Pierre de Chandieu : 18 km 30/01 : St Pierre de Chandieu - Côte St André : 20 km 31/01 : Côte St André - Voreppe : 23 km 01/02 : Voreppe - Grenoble : 20 km 02/02 : Grenoble - Vizille : 20 km 03/02 : Vizille - La Mure : 25 km 04/02 : Albertville - Aiguebelle : 25 km 05/02 : St Jean de Maurienne - Modane : 25 km 21/02 . Turin - Quieri : 22 km 22/02 . Quieri - Asti : 40 km 23/02 . Asti - Alessandria : 40 km 24/02 . Alessandria - Voghera : 15 km 25/02 . Voghera - Piacenza : 15 km 26/02 . Piacenza - Montale : 2 km 27/02 . Montale - Fiorenzuela d’Arta 28 km 03/03 . Parme - Fidenza : 20 km 04/03 - Fidenza - Cassan : 15 km sous la pluie. 05/03 - Ca - Fornovo taro : 20 km 6/03 - Fornovo - Cassio : 20 km de montagne 7/03 - Cassio - Passo della Cisa : 20 km de montagne 8/03 - Passo della Cisa - Pontremoli - 23 km 10/03 - Pontremoli - Villafranca - 30 km 11/03 - Villafranca - Marina di Massa - 25 km 12/03 - Marina di Massa - Pise 35 km par la route de la mer 13/03 - Sienne 14/03 - Sienne - Murlo : 30 km 15/03 - Murlo - San Antimo : 37 km, blessure chemin impraticable et mal signalé…Moral à zéro ! 18/03 - San Antimo -Abbadia San Salvatore : 30 km - Parcours en côte - Blessure guérie 19/03 - Abbadia San Salvatore - Acquapendente : 26 km sous la pluie et la veste de Raidlight se révèle magique 20/03 - Acquapendente - Bolsena : 26 km, brume et froid 21/03 - Bolsena - Vetralla : 38 km, colère, neige et froid 22/03 - Vetralla - Monterosi : 30 km des ailes aux pieds… 23/03 - Monterosi - B : 28 Basilique St Pierre : 40 km
St Jacques de Compostelle et la Via Francigena
Tout d’abord ces deux chemins ne sont pas comparables tant sur le plan émotionnel que sur des aspects plus culturels ou logistiques. Les paysages, les rencontres, l’organisation et les réseaux d’accueillants ou hospitaliers prédisposent à des états émotionnels de joie, de rire partagé, d’échanges et bien sur de Cheminement. Le Chemin de St Jacques a été le déclic à d’autres projets dont celui de Lyon/Jérusalem.

Pour le chemin qui va de Lyon à Rome mes perceptions et mon vécu en sont très différents. Je serais intéressée de pouvoir partager mes impressions avec d’autres qui l’ont parcouru, seul et dans une période hivernale principalement. Je serais curieuse de comparer nos ressentis sur certaines étapes. Dans ce que j’ai vécu, trois temps très distincts : l’étape des doutes, celle de la rupture avec le monde, puis de la victoire sur le « vieux ».
Pour ma part ce fut une longue route goudronnée (le trafic incessant des voitures, le bruit, le stress, le froid) ne me mettaient pas du tout dans les mêmes dispositions que sur le Chemin de St Jacques.
Heureusement les touts petits interludes entre Fidenza et Pontremoli puis en Toscane ou les chemins étaient magnifiques et les arrêts passionnants ont compensé.
Le réseau d’accueillants est quasiment inexistant (hiver), et un grand nombre d’informations données sur les fiches du guide de la Via Francigena obsolètes. Contre et avec tout cela, un sentiment de fierté et beaucoup d’émotions quand je suis arrivée à Rome, car depuis quelques jours j’avais des ailes aux pieds.
Je reste persuadée que Lyon / Piacenza par des voies historiques est sans aucun doute possible. L’association des amis de St Jacques de Compostelle a surement la réponse.
Plan d’entrainement sportif : 33 jours pour me préparer physiquement à de plus longues distances. J’ai voulu des étapes courtes de 15 kilomètres puis progressivement, je suis passée de 20 à 25 avec des écarts de 40 pour voir ... Aujourd’hui 30 km par jour est devenu facile même avec un sac de plus de 7 kg sur les épaules, ils sont réalisés en 5 heures sans aucune douleur.
Curieusement ma marche s’est modifiée, je n’use plus les semelles de la même manière !
Pour les aspects plus psychologiques, à il faut être apte à vivre positivement une sorte d’éloignement avec le monde et de vivre de façon intense des liens affectifs sans la proximité.

dimanche 22 mars 2009

Veste magique

Le sac est déjà magique avec son poids plume et ses fonctionnalités multiples. Il est résistant et ne souffre pour l’instant d’aucune détérioration, comme neuf au bout de quelques 700 km.
La veste est elle tout aussi magique : je les testé lors de journées de marche sous la pluie, j’ai renvoyé ma parka trop chaude, mais je n’ai pas encore acheté de poncho adapté, aussi la veste de RaidLight m’a complètement surprise. Elle est capable de nous garder au sec 5 heures non stop sous une pluie battante. Elle peut aussi nous protéger du vent, tout cela ne pèse que quelques grammes et très facile d’entretien.
Merci à ce matériel magique qui a contribué fortement à l’atteinte de mes objectifs quotidiens et surtout à mon confort.

Le langage des chemins


En effort de soi vers lui, 3 clés : Silence - Discipline - Plaisir
Dépollution

L’effort régulier que suggère l’action de marcher nettoie, dépollue, nous distancie de toute fusion affective négative.

Ce travail de nettoyage affine notre perception sensorielle et développe même, un ou plusieurs de nos cinq sens. (…)
Nous pouvons commencer à percevoir les bienfaits de l’action de marcher déjà au bout de 8 jours et selon une technique qui peut être assimilée aux différentes approches ou courants de méditation. (…)
Le silence
Le silence est un facilitateur, je dirai même un « passeur » Une anecdote : j’ai croisé un « frère du Grand Chemin » français qui allait à Rome, un vrai montagnard ce Patrick. Son pas était plus rapide que le mien, entrainé aux longues distances et aux parcours de haute montagne. Nous avons marché ensemble 2 jours. Patrick avait besoin de parler. Poursuivre le périple avec lui m’était impossible (j‘espère qu‘il ne m‘en veut pas).
La régularité
La régularité de la distance à parcourir, la régularité du pas, celle aussi de son souffle enracine une discipline, une sorte de rituel ouvrant les portes de nos cinq sens.(…)
Deux mouvements de cheminement sont à observer :
« rentrer » dans le Chemin, ou « être pris » par Lui (...)
Nos cinq sens sont donc des Grasportes qui nous ouvrent vers des univers bien réels et pourtant devenus invisibles. Quelques peuples sont encore les dépositaires d‘une sagesse ancienne que nous avons oublié. Qu’ils soient protégés de la modernité et de la folie des hommes civilisés.
Extrait de l‘ouvrage « qu’est-ce qui fait marcher un chef d’entreprise ? »
Pour information, la régularité des éditions des articles est conditionnée à l’accès à Internet et aux réseaux téléphoniques
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jeudi 19 mars 2009

….Partir, marcher et cheminer : 3 étapes, un processus

L’humanité n’a eu de cesse la contrainte de l’espace et du temps. Les choix de nos vies en sont fortement influencés, par nécessité, par convention…
Perte de sens et de repères sont les premiers signes qu’un ré-aiguillage devient nécessaire parce que vital.
La crise matérialise à sa manière la folie dans laquelle nous vivons et nous éclaire des modélisations ou instrumentalisation dont nous nous sommes faits les défenseurs. Pour en sortir c’est facile : partir, marcher et cheminer ! (…)
Partir
Partir c’est l’élan qui contient toute l’énergie dont nous avons besoin pour mener jusqu’au au bout un projet.
Partir c’est aussi laisser son ancienne vie, pour aller vers une nouvelle. (…)
Marcher
Marcher c’est le mouvement de la vie qui nous révèle à nous même.
Marcher c’est aussi faire peau neuve, briser ses vieilles résistances, retrouver des sensations. La combinaison de partir et de marcher, nous permet d’accéder à un état : « Cheminer ».(…)
Cheminer est à la fois un état de conscience et un processus naturel, vieux comme le monde, de transformation et d’éveil. (…)
Partir de Lyon, et marcher jusqu’à Parme fut un entrainement, un effort personnel intense et nécessaire. Le souffle, la résistance, la volonté, le courage, tout cela a été éprouvé et renforcé. (…)
Pour les aspects plus psychologiques et émotionnels, colère, peur, joie, doute ont fait aussi parti du cortège. (…). La colère me donnait la force mais brulait à grande vitesse mon énergie. La peur et les doutes m’ont freiné et même blessé physiquement. La joie m’a donné des ailes aux pieds, l’amour que je porte à certains êtres, réconforté. (…)
Pour autant, entrer dans ce processus m’était impossible. Impossible de partir véritablement parce que rattrapée sans cesse par des codes et des contraintes que je subissais de plein fouet.
Je marchais donc sans être partie !
500 kilomètres de goudron, de stress et de pressions inutiles bloquaient (…)
A Parme la rupture avec « l’ancienne vie » fut actée, et ce n’est qu’à Sienne que j’ai senti le processus enfin œuvrer et ma « nouvelle vie » se dévoiler.
A San Antimo, la guérison d’une blessure à la jambe sur une étape difficile s’est accélérée, et tout le reste éloigné. Je respirais mieux, dormais mieux et mangeais mieux.
La rupture est donc une des composantes de tout processus de renouvellement et ne peut malheureusement être évitée pour ce type d’expérience. (…)
Etre avec et être à côté, ou l'art de la relation durable
Etre « avec » les êtres n’altère jamais les liens, et la distance et le temps n’ont aucune prise sur eux.
Cette approche psychologique est une des conditions qui permet de vivre sereinement la solitude, puissant levier de créativité et territoire de paix(…)
Etre « à côté » conduit la personne (pour les retours que j’en ai eu) à supporter très difficilement la solitude, plus que les liens, l’affectif résiste mal à la distance et au temps. (…)
Extrait de l’ouvrage « qu’est-ce qui fait marcher un chef d’entreprise ? »
Pour information, la régularité des éditions des articles est conditionnée à l’accès à Internet et aux réseaux téléphoniques.

mercredi 4 mars 2009

Parme - Lucca : 240 km pour une semaine de 10 jours

3 mars. Parme Fidenza : 20 km sous la pluie
Accueillie par des moines franciscains (en robe de bure et sandales, des vrais !).Ils ont été géniaux. J'ai dormi dans le couvent où j'ai passé une nuit d'enfer. Une drôlerie, c'est qu'ils m'avaient enfermée à double clé et j'ai remercié ce matin un jeune moine venu me libérer...
4 mars. Fidenza - Costamezzana : 15 km sous la pluie
Une route agréable même sous la pluie. Je suis enfin sur les traces des Templiers un vrai régal ! Des merveilles à décoder, des dentelles de pierre à toucher. Des rencontres magiques parcequ'improbables.

lundi 2 mars 2009

A l'instar du chemin de Compostelle, la via Francigena est une importante voie de pèlerinage médiévale qui a été récemment l'objet d'études, d'un balisage et d'une reconnaissance par le Conseil de l'Europe. On peut la parcourir à pied ou à vélo.
Pour simplifier, la via Francigena correspond au chemin de Saint-Jacques des Italiens (permettant d'atteindre la via Arelatensis ou la via Gebennensis). Prolongée au-delà de Rome, la via Francigena du Sud permet d'atteindre le sanctuaire de Saint-Michel du Gargano (via Micaelica) et les ports d'embarquement apuliens vers la Terre Sainte.