Des combinaisons se sont formées au fil des kilomètres et des pays traversés :
- La marche a été rejointe par la prière
- La discipline par le sens
- L’espace et le temps par la beauté
- Les émotions par un miroirD’une déchirure au cœur qui guérissait lentement, à l’absurdité d’une implication sans conviction, « l’appel » d’un certain mois d’avril 2008 a été entendu.
Ainsi, l’exploit sportif n’a jamais eu sa place dans cette démarche plutôt singulière pour un chef d’entreprise, pas plus qu’une ascèse enracinée dans un dogme religieux ou philosophique.
Au centre de chaque jardin secret, l’âme.
L’agitation, les conventions, les faux problèmes, les mauvaises routes comme les mauvaises rencontres deviennent des combats inutiles et dévastateurs. Ils agissent comme des ouragans ravageant ce que nous avons de plus précieux.
Etre debout était la preuve de ma capacité à construire des possibles dans un univers de non sens, autrement dit un impossible à vivre, mais pour combien de temps encore ?
Je suis donc partie le 29 janvier 2009 pour répondre à cet appel en me disant que le sens serait éclairé par chacun de mes pas sur les sentiers et routes des 9 pays que j‘allais traverser. J’avais 7 mois pour le faire.
Sportive, je l‘ai été, et je vous confirme que le corps peut être un précieux allié quand il est respecté et aimé.
Je connais mes fragilités qui sont le résultat d’une pratique sportive intensive lorsque j’étais jeune. Opérée en juin 2008 du pied droit, je me donnais ainsi toutes les chances d’aller jusqu’au bout de cette aventure.
Sans aucun entrainement depuis de nombreuses années, la partie française a été rude, puis en Italie tout est devenu fluide, facile. En Grèce et en Turquie la chaleur m’a imposé un rythme plus lent, nouveau pour moi.
Psychologiquement, la solitude est bien supportée presque trop bien et une sensibilité à fleur de peau est le plus souvent ma boussole.
Quand aux dangers sur ma route, ceux qui n‘ont pu être évités, ont été plutôt bien gérés et n’ont pas eu de nuisance ou conséquence faisant obstacle à ma progression. Pour les autres, ils seront présentés dans l’ouvrage en cours d’écriture sous forme d’anecdotes, plus ludique et donc plus pédagogique.
J’ai su sans en souffrir, m’acclimater aux nuits à même le sol, aux conditions dépourvues de confort, aux hommes et aux femmes déshumanisés. J’ai su marcher le ventre vide, faire avec les incompréhensions de mes amis, et même gérer à distance des affaires qui pouvaient attendre mon retour. J’ai su enfin, laisser mes colères et mes larmes s’en aller, pour retrouver une liberté inespérée.
Sur le plan professionnel, c’est à Rome qu’un projet a émergé : créer une voie reliant Lyon au Sinaï par Rome et Jérusalem « La Route de la Paix ». Et à Tarsus qu’une nouvelle direction personnelle s’est dévoilée.
Jérusalem s’est présentée sur l’ile d’Egina comme l’avant dernière étape, le point d’appui indispensable pour poursuivre sur l’ancienne voie des Patriarches et rejoindre le monastère Ste Catherine avec ses trois monts : Sinaï, Ste Catherine et Moïse.
Là s’arrêtera cette aventure humaine, pour laisser la place à une autre qui est déjà dessinée.
Photo : tombeau de Lazare à Larnaca (Chypre)