vendredi 19 mars 2010

De quoi avons nous besoin ?


Question d'une bien étrange actualité politique et économique qui reconquiert une forme de légitimité dans les débats, en particulier à travers la montée en puissance des thèmes « décroissance » et « contrainte écologique ». La contrainte écologique ranime une critique radicale des modes de production, lesquels pour le dire vite, orientent et canalisent le désir humain sur des objets ou des services.

Il y a t-il urgence à penser les besoins ? Selon quels critères déterminer la valeur des « vrais » besoins humains ? Je prends le parti pris de choisir comme pierre angulaire Le temps, et la marche du temps.

« Rien ne nous appartient, seul le temps est à nous » Seneque.

Temps pris, temps donné, temps consacré est un pas franchis vers sa propre fragilité, creusé de l'Absence.Courir après le temps, être dans les temps n'est ce pas vivre l'absence de repos pour échapper à la dimension irréversible, définitive et irréparable du temps ?

Peut-on échapper à notre propre mort ? Au vieillissement ? Aux blessures du présent causés par des besoins qui n'en sont pas et nous conduisent à consumer ou consommer notre vie au lieu de la façonner ?L'homme est fait pour marcher.

Le temps consacré à la marche est l'espace de l'être dans lequel il se sculpte, trouve sur le chemin ce supplément d'âme, cette intériorité qui lui permet de toucher des moments d'éternité.

L' économie durable du bonheur de marcher ne prend pas pour objet la valeur monétaire ou le travail mais s’intéresse avant tout au bien-être de l'homme « debout ».

samedi 20 juin 2009

Le choc du retour, un clin d'oeil du passé ...

Je connais globalement la situation en France, elle est la même qu'en Italie, en Grèce, en Turquie, mais certainement pas pire que dans les territoires Palestiniens.
Je sais, en ce qui me concerne que mon absence a profité aux ''idiots'' déguisés en justiciers et que tous les compteurs sont au rouge.
D'un autre côté, d'autres options bien plus passionnantes se sont présentées spontanément sur le Chemin, ce qui me donne une grande sérénité mélangé d'amusement, face à ce monde en apnée que je perçois à travers les sms et mails de mes amis.
Quoi qu'il en soit, en pleine forme et debout, cette expérience forte et unique que je viens de vivre est un véritable rempart contre les agités et les agitations inutiles.
De cette sollicitation extérieure que l'on me prédit comme violente et très agressive, je vois un clin d'œil du passé qui ne sera que cela et rien d'autre.

mercredi 17 juin 2009

>>Croire et espérance>>force en action>>>

On peut d'abord s'interroger sur l'objet de l'espérance, tournée vers un au-delà, ou au contraire dans le ici et maintenant.
Elle est une des composantes de l’action en général, ce qui signifie qu’on la retrouvera chez tous les hommes et femmes qui entreprennent et réalisent leurs projets, qu’ils aient ou non une conviction religieuse.
Avoir confiance en nos chances de réussite, c’est d’abord compter sur ses propres forces, et savoir que la réussite dépend de circonstances extérieures et d’aléas qui ne sont pas en notre pouvoir. Or, pour entreprendre quoi que ce soit, il faut bien croire que ces obstacles ne seront pas insurmontables et compter sur le cours des événements. Ce fut mon postulat de départ.
J'ai souhaité me dépouiller de tout mon fatras d’idées toutes faites, et sortir de mes préoccupations immédiates, de tout souci.
J'ai voulu me libérer d'un quotidien qui me retenait prisonnière de systèmes déshumanisants. Sur Le Grand Chemin, lentement (5 km à l'heure) j'ai vu alors s’ouvrir à moi, une voie jusque là inconnue et à 4000 km en plein cœur du Sinaï, le but : un sentiment de véritable liberté de penser qui, lorsqu’il s’est manifesté, à laissé le champ libre à toutes les espérances… Merveilleux.
Quant à la confiance au fait que l’on peut surmonter les évènements et dangers sur sa route, elle n’est que pure folie s’il à été démontré que ces évènements ne pouvaient pas être surmontés.
J'ai bien entendu, pris en compte les expériences de mes frères et sœurs partis aussi sur les chemins, sans pour autant modifier mon tracé...je pense en particulier à la Turquie qui semblait être un pays à risque. Et bien tout le contraire, ce fut une terre d'accueil et de gentillesse à mon égard.
L’espoir se passe très bien du nom de Dieu, il se contente d’un amour irraisonné pour la vie, juste la vie pour la vie, cette “passion” que rien ne dépasse.
Cette source jaillissante qui me donne autant de force, où que je sois, cette foi est ma tente et à l'intérieur alors, le nom de Dieu est chanté.

dimanche 14 juin 2009

Au bout de ses rêves...

14 juin 2009 cette aventure humaine prend fin au Sinaï
Du Mont Moïse jusqu'à Taba (frontière Égyptienne) soit quelques 150 km de pur bonheur.
Cette étape est de loin la plus dure à cause de la chaleur (40° dès 10 heures), mais c'est elle qui a été de loin la plus magique. Décisive ! Incisive !
Providence et persévérance ont eu raison, un vieux bédouin et son dromadaire Ari m'ont accompagné (plus de sac à porter, le problème de l'eau était réglé et la sécurité avec un homme du désert respectée).

Ce que j'ai vu et ce que j'ai vécu est indescriptible...Les montagnes nous regardent, le sable se moque de nous sous nos semelles échauffées. Et mon âme à nue est caressée par le souffle chaud du désert, enveloppée du parfum subtile de bergamote d'une plante rare qui s'épanouit sur des rochers brûlants.
Et au troisième jour sur un site vierge d'aucune trace de civilisation, l'embout de mon bourdon déjà très usé a décidé de rester dans le sable fin du Sinaï, ce fut pour moi le signe que mon pèlerinage se terminait ici.

Photo 1 - 2 ème jour, soleil levant
Photo 2 - Départ c'est toujours autour d'un feu de bois que les grandes décisions se prennent.
Photo 3 - Et puis laisser mijoter ...

mardi 2 juin 2009

La Terre Sainte. Jérusalem

30 mai - Jérusalem
Partie de Tel Aviv le 29 mai pour aller au Monastère de Latroun à quelques 20 km, je suis accueillie par une communauté de moines bénédictins de la stricte observance. Tous parlent français ce qui est pour moi un double cadeau.
Partie du lieu de la fraction du pain, Emmaüs Nicopolis, situé au carrefour des routes d’accès à Jérusalem et de celles du Nord au Sud sur le sol fertile de la plaine de la Shéphéla, je suis arrivée en Terre Sainte de la façon la plus inattendue.
2 juin - Notre Dame des Douleurs - L'Ecole biblique de Jérusalem
J’ai eu 3 jours pour préparer la dernière étape : Le Sinaï vers Jérusalem , soit un peu plus de 500 km dont 2/3 de route de désert.
Difficultés majeures : l’eau, la chaleur, la solitude. En relation avec l’école biblique de Jérusalem, là mon projet s'est accroché à la providence, comme cette cité magique à son rocher.
Je pars donc dans 2 jours pour 3 semaines d'une aventure humaine unique parce que la mienne.

Vous dire que je n'ai pas peur est faux. Mais le désir de cette communion avec ce désert là, est bien plus fort que ma peur et le besoin d'aller jusqu'au bout de moi même, bien plus encore.
Ultreia

Photo : La pierre sur laquelle le corps de Jésus a été déposé après sa mort.

jeudi 28 mai 2009

Bilan à mi-chemin

Des combinaisons se sont formées au fil des kilomètres et des pays traversés :
- La marche a été rejointe par la prière
- La discipline par le sens
- L’espace et le temps par la beauté
- Les émotions par un miroir

D’une déchirure au cœur qui guérissait lentement, à l’absurdité d’une implication sans conviction, « l’appel » d’un certain mois d’avril 2008 a été entendu.
Ainsi, l’exploit sportif n’a jamais eu sa place dans cette démarche plutôt singulière pour un chef d’entreprise, pas plus qu’une ascèse enracinée dans un dogme religieux ou philosophique.
Au centre de chaque jardin secret, l’âme.
L’agitation, les conventions, les faux problèmes, les mauvaises routes comme les mauvaises rencontres deviennent des combats inutiles et dévastateurs. Ils agissent comme des ouragans ravageant ce que nous avons de plus précieux.
Etre debout était la preuve de ma capacité à construire des possibles dans un univers de non sens, autrement dit un impossible à vivre, mais pour combien de temps encore ?
Je suis donc partie le 29 janvier 2009 pour répondre à cet appel en me disant que le sens serait éclairé par chacun de mes pas sur les sentiers et routes des 9 pays que j‘allais traverser. J’avais 7 mois pour le faire.
Sportive, je l‘ai été, et je vous confirme que le corps peut être un précieux allié quand il est respecté et aimé.
Je connais mes fragilités qui sont le résultat d’une pratique sportive intensive lorsque j’étais jeune. Opérée en juin 2008 du pied droit, je me donnais ainsi toutes les chances d’aller jusqu’au bout de cette aventure.
Sans aucun entrainement depuis de nombreuses années, la partie française a été rude, puis en Italie tout est devenu fluide, facile. En Grèce et en Turquie la chaleur m’a imposé un rythme plus lent, nouveau pour moi.
Psychologiquement, la solitude est bien supportée presque trop bien et une sensibilité à fleur de peau est le plus souvent ma boussole.
Quand aux dangers sur ma route, ceux qui n‘ont pu être évités, ont été plutôt bien gérés et n’ont pas eu de nuisance ou conséquence faisant obstacle à ma progression. Pour les autres, ils seront présentés dans l’ouvrage en cours d’écriture sous forme d’anecdotes, plus ludique et donc plus pédagogique.
J’ai su sans en souffrir, m’acclimater aux nuits à même le sol, aux conditions dépourvues de confort, aux hommes et aux femmes déshumanisés. J’ai su marcher le ventre vide, faire avec les incompréhensions de mes amis, et même gérer à distance des affaires qui pouvaient attendre mon retour. J’ai su enfin, laisser mes colères et mes larmes s’en aller, pour retrouver une liberté inespérée.
Sur le plan professionnel, c’est à Rome qu’un projet a émergé : créer une voie reliant Lyon au Sinaï par Rome et Jérusalem « La Route de la Paix ». Et à Tarsus qu’une nouvelle direction personnelle s’est dévoilée.
Jérusalem s’est présentée sur l’ile d’Egina comme l’avant dernière étape, le point d’appui indispensable pour poursuivre sur l’ancienne voie des Patriarches et rejoindre le monastère Ste Catherine avec ses trois monts : Sinaï, Ste Catherine et Moïse.
Là s’arrêtera cette aventure humaine, pour laisser la place à une autre qui est déjà dessinée.
Photo : tombeau de Lazare à Larnaca (Chypre)

mardi 26 mai 2009

Des boulets !

25 mai - Tarsus - Mersin - 20 km - Chypre
A l’apparent confort des sièges, je préfère le banc froid du pont du bateau. A la climatisation trop bruyante, le vent frais de la mer, aux spots du plafond, les étoiles.
Ne pas dormir à cause du ronflement du voisin est exaspérant, mais ne pas dormir parce que l’on sait que chaque seconde ne pourra être revécue est un ravissement et parce que chaque seconde est à la fois, une vie qui s’écoule, et un instant d’éternité.
26 mai - Gazimagusa - Larnaka - 18 km - Chypre
Les quelques 700 km sur cette côte turque, m’ont appris à marcher autrement, à marcher dans ma tête, à marcher comme un canard, une puce, un chameau, un éléphant, un tigre…A marcher lentement, à laisser mes pieds décider. Cette étape m’a fait aller jusqu’au bout de moi-même, là où se pose la question du retour.
Quoi qu’il en soit, je suis en accord avec ce « comment je marche » et je sais parfaitement où je dois aller, le pourquoi reste encore dans l’ombre.
Je sais que pour les puristes mon pèlerinage est incompréhensible, mais à chacun le sien, à chacun de vivre son aventure intérieure car il s’agit d’âme et non de raison ou de convention.
Aujourd’hui, une nuit donc, sans sommeil. Mon cœur bat la chamade, il sent Jérusalem la Céleste s’approcher.
Mais une surprise m’attends, pas de bateau pour Israël pour la partie Turque, car vous le savez certainement, cette île est occupée par 3 populations : les trucs pour la partie nord, les grecs pour la partie sud, à la pointe au sud de Limassol une base militaire anglaise.
Les packs pour touristes allers retour sont les seules propositions faites avec le bateau, mais il faut encore se déplacer, ce qui à ce jour n'a pas de sens pour moi.…Et pour le même prix j’ai un billet d’avion pour Tel Aviv…Un signe ! J’en conclus que la rencontre avec Jérusalem La Céleste se fera d’abord par les airs...